Le libéral ne se fait pas plus d’illusions que vous : il y a des modèles de société plus ou moins optimaux, mais aucun ne sera jamais parfait. La vie est ainsi faite qu’il y aura toujours des inégalités.
En revanche on ne peut nier qu’il y a des sociétés où il fait mieux vivre, où les indices de développement humain sont-ils les plus élevés et où il y a globalement moins de conflits...
Prenons la liste des pays classés par indice de liberté économique : http://www.heritage.org/Index/Ranking.aspx
Comparons à la liste des pays classés selon l’indice de développement humain (IDH) :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Classement_IDH_des_pays
http://hdr.undp.org/en/reports/global/hdr2009/chapters/francais/
Qu’observe-t-on ?
Quelque chose comme ceci : http://www.contrepoints.org/local/cache-vignettes/L400xH256/pnud-7578d.png
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Alors certes, ce rapprochement statistique ne constitue pas un argument scientifique qui prouverait les vertus du libéralisme, et il ne suffira pas à vous convaincre.
Mais je vous mets au défi d’obtenir pareille corrélation avec les prélèvements obligatoires.
Pour vous aider deux chercheurs français se sont penchés sur la question. André Barilari (professeur associé
de finances publiques à Paris I) et Thomas Brand (doctorant d’économie
ENS Cachan).
Ces 2 chercheurs ont réussi à prouver, en mobilisant les statistiques
mondiales sur les prélèvements obligatoires de 130 pays et en tenant
compte des classements de chaque pays en fonction de leur niveau de
démocratie, les 5 corrélations fortes suivantes :
• Les pays dont le poids de la fiscalité dans la richesse nationale est
relativement faible, inférieur à 12-15 %, sont essentiellement des pays
dictatoriaux et/ou à faible indice démocratique et de développement
humain (IDH) ;
• Les pays dont la part de la fiscalité est relativement plus
importante, entre le seuil précédent et 25 % du PIB, sont considérés
comme semi démocratiques avec un indice de développement humain moyen ;
• Les pays dont la part de fiscalité dans le PIB est de plus de 28 %
sont presque toujours démocratiques et d’indice de développement humain
élevé ;
• Le coût marginal de la démocratie est ensuite croissant : un point
supplémentaire de prélèvement obligatoire dans le PIB profite de moins
en moins à la progression de l’indice démocratique. De plus, il existe
un seuil fiscal au-dessus duquel les progrès démocratiques paraissent
infimes, voire nuls, alors que les prélèvements obligatoires augmentent.
Ce seuil correspond à une part de la fiscalité dans le PIB proche de 33
%.
• Plus le niveau de prélèvement dépasse 33%, plus le niveau de
démocratie régresse et l’IDH stagne.
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Et pour l’histoire...
Le paradoxe de Montesquieu indiquait déjà en 1748 l’étroite relation
entre le poids des impôts et le degré de liberté des peuples, faisant
ainsi dire à ce grand penseur dans l’ouvrage De l’esprit des lois qu’« on
peut lever des impôts plus forts à proportion de la liberté des sujets ;
et l’on est forcé de les modérer au fur et à mesure que la servitude
augmente » ajoutant également que « La liberté a produit l’excès des
tributs ; mais l’effet de ces tributs excessifs est de produire à leur
tour la servitude ; et l’effet de la servitude de produire la diminution
des tributs ».
Cela signifie que si l’impôt justement adapté participe directement à la
démocratie et au développement humain et collectif, le trop d’impôt
agit en sens inverse en entraînant à la fois une perte des libertés
(servitude) et une baisse des ressources collectées par « désincitation »
des acteurs du marché. Et là, est le vrai problème de bascule dans nos
sociétés occidentales trop lourdement taxées dont l’effet est
d’entraîner une charge administrative croissante entraînant
progressivement l’atrophie dans la mobilisation générale et la
stagnation dans la qualité de vie.