En Allemagne, les professionnels de la Bourse ont déjà passé l’euro par pertes et profits : aujourd’hui, ils raisonnent et ils calculent en Deutsche Mark.
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Allemagne : quand la cotation en mark devient réalité ...
Signe des temps et des distorsions actuelles : alors que la Grèce a conduit la zone euro sur la sellette, un site internet allemand d’informations boursières vient de retourner à la « bonne vieille » cotation des actions en Deutsche Mark.
Vendredi 11 juin, vers 09H15 GMT, l’action de la compagnie aérienne Lufthansa valait ainsi 11,06 euros, soit 21,63 DM, et celle du constructeur Volkswagen 71,68 euros, ou 140,19 DM, si l’on en croit la cotation élaborée par le site Boersennews.de.
Le site Boersennews.de affirme répondre ainsi à la demande de ses utilisateurs, lesquels seraient environ 40 % à souhaiter le retour du « bon vieux Deutsche Mark ».
Précisons que le media concerné compte près de 300 000 utilisateurs et qu’il est un des sites boursiers allemands les plus importants ...
Si Boersennews.de affirme - officiellement - ne pas vouloir la suppression pure et simple de l’euro, il souhaite néanmoins « appuyer un peu plus le désir de sécurité économique de nombreux citoyens ». Ce qui signifie a contrario que la monnaie européenne n’est pas jugée comme fiable.
« Une chose est sûre » poursuit le communiqué : « le Deutsche Mark représente l’Allemagne économique saine et puissante. »
« L’euro représente aujourd’hui dans le monde, en Europe mais avant tout pour les allemands, un système économique qui rencontre de graves difficultés » ajoute-t-il.
« L’Allemagne est le principal contributeur de ce plan de sauvetage avec une participation de 147 milliards d’euros, alors que des pays tels que l’Espagne ou le Portugal peuvent à tout moment selon certaines conditions se retirer de ce plan sans en supporter les conséquences négatives » précise par ailleurs non sans quelques aigreurs le site boursier allemand ...
« Même un des défenseurs les plus acharnés de l’euro comme Hans Olaf Henkel, ancien chef du syndicat patronal allemand (Bundesverbandes der Deutschen Industrie) s’exprimait pour l’arrêt de l’euro et la réintégration du Deutsche Mark », tient par ailleurs à rappeler Boersennews.de.
« La raison avancée est que le plan de sauvetage de 750 milliards d’euros a fait de la zone euro une simple zone de transfert de capital » souligne le site internet.
Rappelons par ailleurs que le directeur du centre de recherche économique IFO, Hans-Werner Sinn, voit le plan de sauvetage comme un risque incalculable pour l’Allemagne.
Rappelons que quelques heures avant l’accord des pays membres de l’Union Européenne concernant les mesures destinées à la Grèce, Angela Merkel, s’adressant aux députés du Bundestag, affirmait : « Le peuple allemand a placé dans l’euro la confiance qu’il avait dans le deutsche Mark ».
« Le gouvernement fédéral ne peut trahir cette confiance à aucun prix » avait-elle ajouté.
En avril dernier, Christian Makarian, directeur adjoint de la rédaction de L’Express, avait ouvertement posé la question dans sa dernière chronique : « L’euro serait-il devenu le mark ? » s’interrogeait-il alors, rappelant ainsi qu’« en instituant l’euro, François Mitterrand songeait à une solution durable qui consistait, vue de loin, à dissoudre le puissant deutsche mark dans l’euro » ; il observe que l’inverse s’est produit. Selon lui, « c’est l’euro qui est devenu le mark. »
Une situation de nature à accentuer le clivage au sein des pays membres de l’Union européenne. Et qui pourrait être exacerbée par les prochaines élections allemandes.
Certains analystes rappellent également que l’Allemagne était si viscéralement attachée au mark que François Mitterrand n’a obtenu son ralliement au projet français de l’euro « qu’à condition que l’euro ne soit rien d’autre que le mark repeint ». Un concept qui avait l’heur de plaire aux financiers, y voyant la garantie d’une certaine stabilité monétaire.
http://www.leblogfinance.com/2010/06/allemagne-quand-la-cotation-en-mark-devient-realite.html