• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de slipenfer

sur L'apéro géant « Saucisson et Pinard » interdit !


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

slipenfer 15 juin 2010 20:35

Pour info : de Didier Anzieu

L’illusion groupale, expression inventée en 1971 par D. Anzieu, est un état psychique collectif que les membres d’un groupe formulent ainsi  : « Nous sommes bien ensemble, nous construisons un bon groupe, et (si le leader du groupe partage cet état) nous avons un bon leader. » S. Freud en 1921 avait précisé, à propos de l’Eglise et de l’Armée, le rôle cohésif de l’illusion selon laquelle le leader (Dieu, le commandant en chef) aime d’un amour égal tous les membres qui, à leur tour, s’aiment les uns les autres comme des frères. Cette illusion, dite « sociétale », reproduit le renoncement des frères et soeurs au désir infantile d‘être chacun le préféré du père. Dans les groupes non directifs, l’illusion groupale survient après une première phase dominée par l’angoisse persécutive. D’où le sentiment d’euphorie d‘être délivré de cette angoisse. L’illusion groupale cimente alors l’unité du groupe. Elle est à l‘évolution d’un groupe ce que le stade du miroir est à l‘évolution de l’enfant : une étape nécessaire mais aussi aliénante, fondatrice du narcissisme groupal.

Trois phénomènes accompagnent l’illusion groupale :
1. un membre du groupe devient le bouc émissaire de celui-ci ;
2. une idéologie égalitariste affirme la similitude des membres entre eux, en niant les différences de sexe, de génération, etc. ;
3. un roman groupal des origines apparaît qui soutient l’utopie d’un autoengendrement groupal : « Nous ne devons la naissance de notre groupe à personne qu‘à nous-mêmes. »

L’illusion groupale repose sur un clivage interne à l’appareil psychique groupal. Les pulsions libidinales sont concentrées sur l’objet groupe ; les pulsions destructrices, clivées des précédentes, sont projetées sur une victime émissaire ou sur un groupe extérieur. D. Anzieu a montré que les fantasmes de casse constituent ainsi la contrepartie de l’illusion groupale. L’illusion groupale provient de la substitution au moi idéal de chacun d’un moi idéal partagé de type maternel, à la différence des groupes étudiés par S. Freud et s’organisant autour d’un idéal du moi de type paternel.

Les “exploiteurs de l’illusion groupale” :

Si l’illusion groupale est une dynamique qui dépasse le groupe qui la subit, il existe des individus dont l’intelligence machiavélique leur permettra de devenir ce que l’on peut appeler de véritables “exploiteurs de l’illusion groupale”. Ainsi, il verront leur intérêt dans le maintien du groupe dans l’illusion groupale à des fins manipulatoires comme

  • la destruction d’un groupe “ennemi”
  • la possibilité de devenir le leader du groupe, ou de conserver cette place s’ils l’ont déjà.

Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès