Très beau et très poignant témoignage Johan.
J’ai moi aussi été confronté à cette atroce misère en France et dans d’autres pays. Ton témoignage me rappelle une terrible anecdote. Au début des années 80, ma compagne et moi étions devenus très copains avec deux pauvres gosses mendiants et abandonés (un petit de 10 ou 12 ans qui s’occupait admirablement bien de son frangin de 7 ou 8 ans) qui hantaient les escaliers de temples de Kathmandu. On les nourrissait tous les jours. Quand l’hiver glacial avait commencé à pointer le bout de son nez, on leur avait acheté de chaudes couvertures pour qu’ils puissent dormir à peu près au chaud dans le temple délabré où ils avaient trouvé refuge. Le lendemain même, quand on les a revus, ils s’étaient fait casser la gueule par d’autres gosses abandonnés plus forts et plus âgés, qui leur avaient piqué leurs couvertures toutes neuves pour les revendre à des touristes. On avait alors proposé aux deux gamins de leur racheter de nouvelles couvertures. Ils avaient refusé, en nous expliquant qu’ils n’avaient pas envie de se faire péter la gueule à nouveau. Quelques mois plus tard sont apparus au Népal les premiers exemplaires du Petit Livre Rouge de Mao. L’aîné des deux gamins, qui ne savait pas lire, nous a proposé de nous en vendre un. On n’a pas pris le bouquin mais on lui a filé le pognon.
Quelques années plus tard l’insurrection maoïste éclatait au Népal. Je suis persuadé que ces deux charmants et intelligents petits morveux et miséreux en ont fait partie, les armes à la main. Et même si le maoïsme est une gigantesque connerie, ils auront eu raison de mon point de vue.
Avisse à la population française qui laisse se développer la misère et abandonne les gens dans les rues sans toit ni loi.
Vous ne voulez pas de droit au logement ? Vous aurez de violentes jacqueries urbaines.