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Commentaire de Tama

sur Duplex imperium, une alternative pour la Belgique


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Tama (---.---.23.5) 27 décembre 2006 01:56

Euh, intentions certes louables, mais, comme dit plus haut, certaines erreurs...

Notamment une confusion courante pour les observateurs extérieurs et qui ressort entre autres de vos statistiques :

« 4,2 millions de francophones, les Wallons, d’un côté, 6,2 millions de néerlandophones, les Flamands, de l’autre côté. »

Faux, archi faux.

Et pour tenter de clarifier la chose, voici un résumé succinct des Institutions belges créées dans le cadre d’un fédéralisme bancal lié à la langue.

Plusieurs collectivités cohabitent :

L’Etat fédéral, soit l’entièreté du Royaume, ses compétences propres s’étendent à tout le territoire national (Intérieur, Défense, Justice, Affaires étrangères, etc.) ;

Les 3 Régions, territoires bien définis par des frontières géographiques, leurs compétences s’étendent et se restreignent auxdites frontières particulières, sans distinction linguistique : Région flamande (au nord), Région wallone (au sud) et Région de Bruxelles-Capitale (enclavée en Région flamande, vers le milieu) ;

Les 3 Communautés, partiellement sans territoire (mais en réalité c’est plus compliqué), leurs compétences s’étendent aux personnes, sur base de leur langue officielle (Communauté française, Communauté flamande - langue néerlandaise, Communauté germanophone) ;

Les Provinces, territoires dont les compétences sont fort limitées, au nombre de 10 (5 au nord, 5 au sud, Bruxelles ayant un gouverneur mais n’étant plus en territoire provincial) ;

Les communes (589), qui sont comme partout, des communes (encore que...).

Bon, là où l’auteur s’emmêle les pinceaux, c’est lorsqu’il considère que les francophones (4,2 millions de gens) sont des Wallons.

En effet, les Wallons (habitant le territoire de la Région wallone, au sud) comportent les 300.000 germanophones de la Communauté germanophone (frontaliers avec l’Allemagne, on s’en doute). Les autres Wallons sont environ 3.000.000 et sont francophones. Ces derniers sont donc sous le régime de la Communauté française, alors que les premiers sont sous le régime de la Communauté germanophone.

Les 6.000.000 de néerlandophones vivent pour l’essentiel en Région flamande (au nord) mais pour environ 200.000 à Bruxelles. Notez qu’aucun Wallon ne peut donc habiter à Bruxelles, pour la simple et bonne raison que la Région de Bruxelles-Capitale ne peut en aucun cas être au même endroit que la Région wallonne. Mais... et les 200.000 néerlandophones alors ?

Nous en arrivons à Bruxelles-Capitale. Cette région a un statut bilingue. C’est-à-dire que les francophones y sont soumis à la Communauté française et les néerlandophones à la Communauté flamande. Donc les 800.000 francophones de Bruxelles ne sont pas wallons (et ne se sentent pas comme tel non plus, loin s’en faut).

Alors que les francophones de Belgique sont de 2 types, Bruxellois et Wallons, avec une culture commune ET une culture distincte, les néerlandophones de Belgique cultivent au contraire un nationalisme qui tend à faire se sentir un néerlandophone bruxellois flamand avant d’être bruxellois (alors qu’un francophone de Bruxelles, je le répète, ne se sent pas du tout wallon).

Ce nationalisme (avéré ou latent selon les gens) a poussé la fusion entre la Région flamande (territoire) et la Communauté flamande (compétences liées aux personnes). Ces 2 entités n’ont plus qu’un seul parlement et un seul exécutif, contrairement à 2 autres Régions, qui demeurent distinctes des autres Communautés.

POURQUOI pinaillai-je tant avec mes histoires compliquées ? me direz-vous...

Mais voilà bien le noeud de la question : si l’auteur avait raison en estimant que francophone = Wallon et néerlandophone = Flamand, la Belgique serait sans doute plus simple à administrer...

Voyez l’étroite imbrication de 3 Communautés linguistiques et 3 Régions au sein d’un Etat de 30.000 km2, et encore j’ai vachement vulgarisé !

En résumé : un peu moins de 60 % des Belges parlent néerlandais, un peu moins de 40 % des Belges parlent français et le reste parle allemand. C’est pourquoi, mathématiquement, notre Premier Ministre est toujours un néerlandophone peu ou prou bilingue (ce qui explique son accent quand il parle français).

En ce qui me concerne, étant monarchiste et unitariste, je pense que si les Wallons et les Flamands n’avaient pas cultivé leurs enfantillages nationalisto-identitaires à deux balles, si chacun avait appris à parler la deuxième langue du pays et si on se souvenait plus souvent que notre devise est « L’Union fait la Force - Eendracht maakt Macht », on n’en serait pas à se faire mousser comme des cons à la télé pendant que des SDF meurent de faim et que la dette publique atteint 250 milliards d’euros...

Merci aux lecteurs courageux d’avoir lu jusqu’au bout smiley


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