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Commentaire de easy

sur Le Net n'est pas que du clavardage


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easy easy 18 juillet 2010 10:00

Merci Loulou y Dom,


Je vais vous offrir de nouvelles images à mettre sur ces mots

En 2009, dans un château proche de Paris, j’ai assisté au tournage de « Bas les coeurs » 

Un téléfilm de Robin Davis, avec Urbain Cancelier, Popeck, Bruno Lochet
(France 2)
Genre : Telefilm, Historique - Duree : 90’ mn
Année de production : 2009

Nous sommes en 1870 et la France va déclarer la guerre à la Prusse. Installé à Versailles, monsieur Barbier et sa famille attendent la guerre avec confiance, et comme la plupart des notables, ne tarissent pas d’éloges sur l’armée française. La bourgeoisie toujours assise et riche en encouragements mais jamais en actes, n’a qu’un objectif : survivre aux affrontements de la Commune. Bref survivre à n’importe quel prix ! Même celui du déshonneur.

L’observateur qui vit et voit la lâcheté de la bourgeoisie est le jeune fils de cette famille bourgeoise, forte en plastronades tant qu’ils croient la victoire de N III évidente, mais soucieuse de séduire l’ennemi après la défaite

Et il y a un jardinier à qui ce jeune rend régulièrement visite. Alors que ses parents composent avec l’occupant Prussien (bien élevé, comme le seront les Allemands de 39) le jardinier est révolté et le jeune ne sait plus quoi en penser mais finit par basculer lui aussi dans la dénonciation de cette collaboration. Il ne veut plus être lâche, il veut réaliser un acte d’audace.

Un soir, que la famille dîne avec un couple d’amis et les deux officiers Prussiens qui logent chez eux ; le jeune, à qui ses parents demandent de charmer l’assistance en récitant un poème, se met debout et récite Le dormeur du val. (Autour de la table, les seules choses rouge coquelicot étaient les uniformes des Prussiens).

A la fin, l’officier le plus intelligent comprend le reproche, se lève de table vexé et prend congé pendant que les parents se fondent en excuses et font de gros yeux à leur fils



Vous comprendrez que votre passage quand les salons bourgeois se mirent à dévorer son miel, de toutes ses passions de tout levain de ses jeunesses, de son coeur ils firent festin, puisse autant me parler.

Ne perdons pas de vue que tous ceux qui ont marqué l’histoire ont entraîné dans leur sillage des gens de tous âges voulant briser la cage.

V Hugo, dont le père était impliqué dans les guerres de N I avait une position ambigüe sur la guerre (et il était colonialiste, expansionniste) alors que Rimbaud était clairement contre.
 
Alors oui, quand on voit que ce jeune poète s’est mis, entre mille occupations possibles, à trafiquer des armes, on a de quoi méditer sur l’effet de la déception, du dépit sur une personne.


Plus techniquement, je me demande ce que serait Rimbaud s’il vivait aujourd’hui.
A son époque, pour s’exprimer, il fallait déjà réaliser des exploits matériels : écrire et écrire au moins aussi bien que Hugo qui faisait de l’ombre à tous, il fallait des plumes, de l’encre, du papier et surtout, il fallait diffuser ses textes en arpentant physiquement, avec ses vraies jambes en viande, les 4 coins de la France. Il fallait se constituer un minimum d’amis absolus car quand c’est aussi physique, les risques sont physiques.

Ce qui est frappant dans Le Mal c’est que tout y est matérialité, c’est très physique et ça concerne le corps humain. Son premier souci est l’intégrité des corps. Et il refuse que des transcendance prennent la priorité sur ces corps.

Souvent, devant un poète, on croit qu’il faut se préparer à décoller vers les nuages et les étoiles, se désincarner. Ce n’est pas du tout ce à quoi Rimbaud invitait. Non, ne métaphysiquez pas, regarder votre peau, vos os, votre sang bon sang !


Enfin, dans Le Mal, je remarque qu’en même temps qu’il moque Dieu, il invoque Nature.
Comme s’il nous était indispensable, quand on désespère de l’homme, de son voisin, de s’adresser à une entité supérieure. Supérieure au sens où elle, enfin, nous comprendrait (ce qui est loin d’être prouvé)



Ahhhh, si seulement on pouvait discuter avec son chien !
Vous voyez, cette réflexion, ce soupir, exaucez-le, offrez au désespéré un chien qui parle et vous verrez que ça ne marchera pas. On ne peut que désespérer de ceux à qui on peut parler. Plus Robinson Crusoe a pu dialoguer avec Vendredi, plus la banalité repoussait le fantasme.


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