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Commentaire de sisyphe

sur André Comte-Sponville et le gai désespoir


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sisyphe sisyphe 26 juillet 2010 16:11

J’aime bien Comte Sponville, pour certains de ses précédents ouvrages ; notamment « l’esprit de l’athéisme » (je n’ai pas lu celui ci). 

Il me semble qu’il fait, ici, une confusion entre un athée et un agnostique ; l’athée est sûr que Dieu n’existe pas, quand l’agnostique avoue son incapacité de savoir... 

Mais évoquer, comme vous le faites dans le dernier chapitre (je crois en son nom) ; (je cite) : 

Mais si Dieu n’existe pas, il y a assurément quelque chose de désespérant dans la condition humaine. C’est pourquoi tout le monde préférerait, moi inclus, qu’il existe. Il y a d’ailleurs tout lieu de se demander si Dieu n’a pas été inventé pour satisfaire ce désir que l’on a de Lui. Quand on ne croit pas en Dieu, ce n’est pas la morale qui change ; ce qui change, c’est qu’on passe d’une dimension d’espérance à une dimension de désespoir. Je crois que Pascal, Kant, Kierkegaard ont raison de dire qu’un athée lucide et cohérent ne peut échapper à une part de désespoir. Leur erreur - me semble-t-il - c’est d’avoir confondu le désespoir et le malheur ; parce que, de même que l’espérance n’est pas la même chose que le bonheur, le désespoir n’est pas la même chose que le malheur. Si l’on espère être heureux, c’est que l’on n’est pas heureux, et, inversement, quand on est heureux, il n’y a plus rien à espérer. 

sans faire référence à Camus, à sa définition de « l’absurde », au « Mythe de Sisyphe », c’est ;

soit de l’ignorance (ce que je ne soupçonne pas chez un homme cultivé comme Comte Sponville),

soit une volontaire scomotisation ; qui me laisse très perplexe.... 

Car, pour Camus, de la conséquence d’un ciel désormais jugé vide (sans dieu), nait le sentiment : et de l’absurde (de la condition humaine), mais également de la nécessaire révolte, pour donner un sens à sa vie, et l’indispensable SOLIDARITE entre les humains (« Je me révolte, donc nous sommes » )... . 

« Mais Sisyphe enseigne la fidélité supérieure qui nie les dieux et soulève les rochers. Lui aussi juge que tout est bien. Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile ni fertile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux. »

Je n’ai pas lu ce livre, mais d’après le compte rendu que vous en faites, il semble manquer à Comte Sponville cette dimension « sociale », qui fait, justement, le lien entre le politique et la « sagesse » individuelle. 

Bref, ce livre ne me semble rien apporter de plus, par rapport à Camus, quant à la question de la croyance, de la mort de dieu ; mais, en revanche, trop centré sur l’individu in abstracto, quand chacun sait qu’il est un être social, donc forcément dépendant du contexte social et politique dans lequel il évolue. 


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