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Très juste, j’ai pu voir que chez les jeunes générations, les aliénations étaient choisies. Ce qui caractérise la majorité des Occidentaux est le choix de l’intégration personnelle au Système. Ce qui était intéressant à entendre chez des gens d’une vingtaine d’années que je côtoyais au travail, c’est la manière dont ils reprenaient à leur compte les miettes qu’on leur laissait, se construisant des récits de vie par leur stages souvent non payés, leurs formations à titulature ronflante, leur annexion des codes de comportement ou d’expression issus du monde de l’entreprise.
Pour contester quoi que ce soit, il aurait fallu qu’ils admettent que l’habillage de leur existence n’est qu’une mince illusion et qu’ils ne sont quelque part des vaincus du système, mais leur vanité les en empêche. Les ouvriers d’il y a un siècle pouvaient mener des luttes car ils se considéraient comme des laissés pour compte, regardés comme des animaux ou presque. Aujourd’hui que le prolétariat tertiaire ou industriel est intégré au monde social de la consommation et de ses signes, pourvu de tous les attributs matériels et culturels de la normalité, ils ne se sentent plus aucune raison de contester, et peu importe que leur sort ne soit pas si enviable, avec une vie de famille souvent médiocre, des biens de consommation chers et surpayés, etc....« »« »"
Très fine analyse.
Si je m’étais lancé dans cet exposé, j’aurais néanmoins parlé d’intelligence, de stratégie. Vers 20 ans, peut-être avant, on sait qu’on a ou non les capacités d’un meneur. Si l’on considère qu’on ne les a pas, on joue intelligemment la carte du banc de poissons.
Concernant les ouvriers d’autrefois et ceux d’aujourd’hui.
Si un ouvrier d’autrefois était un mineur ou un porcher, alors leur qualité de vie était très très en dessous ce celle de leur patron. Mais un luthier du XVIII avait somme toute une vie aussi belle que celle de son roi.
Dès qu’on fait abstraction des colifichets tant chez le milliardaire que chez l’ouvrier , au XVII comme en 2010, dans certains cas, les qualités de vie sont comparables et parfois paradoxales.
La journée d’un mineur, est très pénible, infernale. Mais un garde forestier à cheval passe de plus belles et plus saines journées qu’un patron de SNCF. Si un patron passe la moitié de son temps sur les golfs ou dans sa villa, il s’embellit la vie ; s’il la passe en transports, même en avion, il se la pourrit.