Les enlèvements d’humanitaires relèvent plus souvent du crime crapuleux que politique.
En Afrique de l’Ouest, et plus particulièrement au Tchad, il y en a environ 3 par mois, sinon plus. Des humanitaires africains dont on parle peu ou bien pas du tout, et des expatriés qui ne font pas la une des journaux à la demande de leurs employeurs qui préfèrent négocier dans l’ombre. Combien savent qu’un expatrié suisse avait été enlevé au Tchad le mois passé et relâché une dizaine de jours après sans contrepartie ? En général, ces enlèvements se terminent bien, mais pas toujours, comme il semble que ce soit le cas ici ou celui de Margaret Hassan en Iraq.
Il devient de plus en plus difficile pour les différentes factions de voir les humanitaires comme des agents neutres, depuis que certaines organisations humanitaires ont abandonné le principe de neutralité, et deviennent de moins en moins regardantes sur la provenance de leurs fonds, compromettant ce faisant la notion d’indépendance qui leur assurait une certaine invulnérabilité.
Il est terriblement triste et regrettable que cet homme ait été assassiné. Il serait tout aussi triste et regrettable d’instrumentaliser sa mort pour poursuivre sa propre croisade.
Margaret Hassan n’était pas musulmane, mais elle avait épousé un Iraqien, elle avait pris la nationalité iraquienne et travaillait sans relâche pour améliorer le sort des iraqiens pendant la guerre. Elle travaillait malheureusement pour une ONG dont la proximité avec les USA était de notoriété publique, et c’est cela, à mon avis, qu’elle a payé de sa vie.
Mais il faut bien comprendre que les humanitaires sont devenus aujourd’hui des valeurs d’échange ou de faire pression, des pions sur un échiquien politique et idéologique dont la vie a autant de valeur que les gens qu’ils essayent de secourir, c’est-à-dire aucune.