Madame Bleitrach,
Restez dans les diatribes et les imprécations militantes - vous êtes à votre affaire. Evitez les références historiques que vous possédez fort mal.
La défaite des légions de Valens à Adrinople était due à des facteurs beaucoup plus militaires, stratégiques et tactiques que la simple faim qui tenaillait les Goths. Ceux-ci disposaient d’une cavalerie lourde qui a débordé les fantassins romains (eux-mêmes germains pour la plupart ). Rien à voir avec une quelconque crise de civilisation, mais à une faiblesse épidémique de l’armée impériale depuis que ses deux moitiés s’étaient détruites mutuellement pendant la guerre civile entre Constance II et Magnence (Mursa, 351).
L’une des faiblesses, d’ailleurs, signalées par Ammien Marcellin, fut la paresse des soldats, peu enclins à se protéger au moyen de casques et de cuirasses.
A la suite d’Adrinople, l’armée impériale fut revitalisée, notamment par l’emploi d’auxiliaires gothiques bardés de fer, les fameux cataphractaires et clibanaires. Elle eut assez de mordant pour s’offrir le luxe d’une énième guerre civile, entre Maxime et Théodose (388).
Je doute que vos connaissances en matière militaire soient très convaincantes. Les marines ou les légionnaires ne sont absolument pas des soldat en porcelaine ; la doctrine de « zéro-morts », en cours surtout à l’époque Clinton, est révolue depuis. Et comme je l’ai signalé ailleurs, la mortalité civile est beaucoup plus lourde que celle des militaires depuis des décennies. La faute à l’armement moderne, hélas. A l’époque du Chassepot cela n’arrivait pas. Par ailleurs, sur le terrain vous savez très bien que les règles destinées à protéger les civils, actuellement en vigueur, interdisent aux soldats d’ouvrir le feu les premiers, et même de tirer sur un sniper embusqué s’il est dans une maison civile, et s’il laisse tomber son arme pour s’en aller tranquillement. Cela s’appelle faire la guerre avec un bras attaché.
Quant à l« ’invention » d’un ennemi terroriste par les Etats-Unis, c’est au mieux une erreur d’interprétation (parlez plutôt d’un monstre de Frankenstein qui se retourne contre son inventeur) - encore que, si vous vous donniez la peine d’étudier l’Islam du sous-continent indien (comprenant l’Afpak) depuis qu’il existe, vous sauriez que les mouvements salafistes fantatiques ont toujours fait florès - au pire une extravagance. Quelle que soit leur origine, les groupes actuels, qui frappent à travers le monde, sont bien là, et bien meurtriers. Quant à savoir s’il faut les combattre par la guerre classique ou par des opérations de police ou de commando localisés, là, je reconnais, il y aurait débat.
Pour conclure, votre focalisation militante sur les USA semble vous rendre aveugle à la situation spécifique de la région. Les talibans et assimilés sont issus des mêmes pépinières que celles qui alimentent le conflit au Cachemire. Et la feuille de route des djihadistes locaux, alliés en cela des services pakistanais, vise en dernier lieu l’Inde. Je vous laisse le soin d’imaginer le scénario éventuel d’un tel conflit.