En premier lieu, désolé pour la longueur de ma réponse. J’ai tenu à citer l’article in-extenso car d’une part je le trouve de qualité, et d’autre part je réprouve le procédé un peu facile consistant à ne citer que les passages qui vous arrangent.
Par ailleurs, pour en revenir à l’espéranto, j’ai ces derniers mois un peu étudié la question, et il m’est apparu que cette langue avait quelques problèmes. Déjà, je voudrais qu’on m’explique comment on écrit un g avec un accent circonflexe inversé avec un clavier d’ordinateur standard. Eh oui, cette lettre existe en espéranto, ainsi que d’autres du même tonneau. Et puis, si on aborde la simplicité d’une langue, d’où vient-elle ?
Existe-t-il des langues simples et des langues compliquées ? Le latin a une grammaire contraignante, mais compte moins d’exceptions de tout poil que le français, plus laxiste. Le japonais est réputé complexe, pourtant sa grammaire est des plus succinctes et sa prononciation sans malice. Alors ?
Mon intuition - qui vaut ce qu’elle vaut, je ne suis pas linguiste - est que toutes les langues sont égales en degré de complexité. Car le degré de complexité d’une langue est le fruit de l’évolution de cette langue, et ne peut augmenter au-dela de ce que la population qui la parle ne peut, intellectuellement, supporter. Si l’on suppose qu’il n’existe pas de race ou de peuple intellectuellement supérieur à une autre - le contraire n’ayant jamais été démontré - on en vient à la conclusion que toutes les langues sont de complexité équivalente, mais pas nécessairement dans les mêmes domaines.
Pour ce qui est de l’anglais, ce qui fait sa simplicité c’est que, comme je l’ai écrit, le « basic english » est plus aisé à maîtriser que le « basic french », ou tout autre succédané. La complexité de l’anglais apparaît plus tard, dans les « idiomatics » et tics de langages propres à cette langue. Prenons maintenant l’espéranto et, par la pensée, faisons l’expérience de l’apprendre à tous les petits européens à l’école primaire (nous sommes bien d’accord que dans la réalité, la chose serait pratiquement, politiquement et financièrement impossible). C’est une excellente chose, mais voici que du coup, l’espéranto devient une véritable langue vivante. D’année en année, il apparaît des expressions, des tournures de phrase, des vocables nouveaux n’ayant rien à voir avec ce qu’avait voulu Zamenhof ni avec ce que défendent ses grands prêtres. Des journaux, des télévisions, des livres, des publicitaires, des boulangères et des préposés des postes s’expriment en espéranto, le peuple s’empare de la langue et en fait bien ce qu’il veut, au grand desespoir des espérantistes historiques qui hurlent à l’abâtardissement de la langue. Trois ou quatre générations plus tard, que reste-t-il de la légendaire simplicité de l’espéranto ? On aura créé un nouveau latin, et on aura vraisemblablement perdu notre vieux français.