• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de minijack

sur Du journalisme citoyen traditionnel au journalisme d'investigation « open-source »


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

minijack minijack 29 décembre 2006 05:44

A mon avis, les lecteurs peuvent effectivement faire des dons, là n’est pas la question. Mais on retrouvera la même problématique qu’avec la Licence Globale, voire plus difficile encore : comment en faire la « répartition juste » en fonction des efforts de chacun de ces rédacteurs enquêteurs ?

Car si l’on peut facilement « évaluer » l’intérêt d’une oeuvre artistique plébiscitée par le public, oeuvre considérée dans ce cas comme une « marchandise », il est beaucoup plus subtil de déterminer la « valeur intrinsèque » d’un article à la seule aune du nombre de lecteurs ou des appréciations portées par eux, lesquelles ne préjugent en rien de la véracité des faits rapportés. Or, nous parlons ici de « journalisme », pas de création littéraire.

En tant que romancier, je connais la différence entre des faits que j’aurais envie de rapporter comme scientifiquement vrais, plausibles, ou à tout le moins vraisemblables, et ceux que je suis contraint de présenter comme de simples « hypothèses romanesques » parce que je n’ai pas les moyens de vérifications nécessaires à étayer mon hypothèse.

C’est là, au niveau de la subjectivité de ces enquêteurs amateurs que va se poser la plus grande difficulté. Pour la crédibilité de ce futur Agoravox, je pense qu’il est difficile d’évoluer plus avant sans recourir à de vrais « pros », sinon pour former les enquêteurs sur le terrain, du moins pour contrôler leurs assertions avant publication.

Du coup, Agoravox deviendrait un « Vrai Journal » avec des milliers d’indics. Est-ce bien l’objectif ?

Le mieux est souvent l’ennemi du bien. Pour l’instant, on sait faire la nuance entre une déclaration de foi de tel ou tel rédacteur emporté par son élan, et l’authenticité des faits rapportés dans son article. Mais si on cherche une plus grande fiabilité derrière cette collaboration gratuite, on risque de buter sur des problèmes autrement plus ardus. L’exceptionnel succès d’Agoravox est déjà un surprenant résultat. A mon sens, il faut tempérer un peu et laisser le temps aux rédacteurs d’intégrer l’idée d’un journalisme plus minutieux, et donc plus professionnel de leur part, impliquant souvent une spécialisation et beaucoup plus de temps à y consacrer.

Et par ailleurs, je ne suis pas certain que ce soit ce qu’attendent les visiteurs.

Agoravox représente pour moi un contre-pouvoir devenu indispensable et qu’il fallait inventer face au caractère monolithique des médias classiques. Bravo, c’est fait. Mais ne tombons pas dans le travers de faire nous-mêmes ce que font déjà les professionnels. La force d’Agoravox réside précisément dans ce non-professionnalisme transversal, réagissant à l’information professionnelle verticale (top-down comme dirait De Rosnay) et la rééquilibrant en rectifiant sa perception. Là comme ailleurs, le développement de cette forme d’expression populaire va obliger à court terme le monde professionnel, figé ou timoré face à ses groupes d’actionnaires, à se réformer pour servir des infos plus pertinentes et de meilleure qualité.

Il m’apparaît donc que le rôle societal d’Agoravox est en vue et que la limite de ce mode d’information convivial est atteinte.

 smiley


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès