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Commentaire de Nicolas

sur Les Lumières brillent-elles encore ?


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Jason Nicolas 29 décembre 2006 13:14

Vous n’infléchirez pas le cours du monde avec ce bel idéal, cette magnifique fabrication qu’on appelle les Lumières. La Chine est en marche, l’Islam est en Feu, le continent américain se cherche dans un sens, l’Europe se cherche dans un autre, la mer monte, le climat dérive, et ni vous ni moi n’avons le pouvoir d’y changer quoi que ce soit, même avec nos belles idées. C’est très regrettable.

Les Lumières, synthèse d’un courant d’idées qui s’étend grosso modo de la fin du règne de Louis XIV (1715) jusqu’en 1800, sont européennes avant tout. Voltaire découvrant la tolérance (toute relative) anglaise (Lettres anglaises, Discours en vers sur l’homme de Pope, etc.), et les contributions originales d’auteurs de diverses nationalités sont un phénomène cosmopolite nouveau. Sans oublier les très grands comme Diderot, Rousseau, Montesquieu, le panthéon français est bien rempli, auxquels s’ajoutent italiens, allemands, hollandais, et d’autres encore, dont les écrits attiraient la curiosité des cercles parisiens. Tous étaient commentés dans les capitales de l’Europe (voir entre autres la correspondance de Voltaire de plus de 100 volumes, Fondation Bestermann à Londres). Les noms sont révélateurs : Aufklärung, Illuminismo, Enlightenment, etc. Le phénomène est très impressionnant, nouveau, c’est l’aube de la révolution industrielle et l’anticipation des républiques ou des monarchies constitutionnelles.

Y a-t-il un « esprit des Lumières » comme on l’entend dire de temps en temps ? Personnellement, j’en doute malgré cette immense fraîcheur dans les idées. La Raison éclairant le monde, tempérée par le sentiment (les Lumières étaient pleines de bons sentiments, comédies larmoyantes, peintures édifiantes, opéras à l’eau de rose, il y avait du sentiment partout, on était narcissique et sensible, et Rousseau abandonnait ses enfants), cette Raison et ces sentiments ont enfanté une Révolution qui a duré 10 ans et changé la carte de l’Europe occidentale. Mais cette Raison n’a pas empêché les massacres qui ont suivi.

Notre esprit de compilateurs rationnels (encyclopédique) nous pousse vers cette tendance naturelle à adorer les savoirs. On croit toujours fermement que le bon sens est la chose du monde la mieux partagée, mais Descartes ajoutait à peu près ceci : on n’a jamais vu quelqu’un qui se plaignit de n’en avoir pas assez.

Mais coupons court. Merci d’avoir écrit ce papier et de montrer tant de bonne volonté pour nous éclairer. Vous êtes dans le droit fil de la morale de Kant : il n’y a qu’une chose qui soit bonne, c’est la bonne volonté. Votre papier est un peu mystique, mais qui vous en blâmerait aujourd’hui ?

Nicolas D.B.


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