Pajhwok Afghan News - Mumbaï, 11 octobre 2006 (Traduit
de l’anglais)
Danish Karokhel
Les participants du séminaire international intitulé « Crime
d’honneur : Violence faite aux femmes en Asie du Sud », ont clairement
condamné toutes les formes de violence faites aux femmes, en particulier
celles commises au nom de l’“honneur”.
Le séminaire qui s’est déroulé sur deux jours (9 et10 octobre) était
organisé conjointement par le Département d’Études civiques et
politiques de l’université de Mumbai, Mahila Sarvangeen Utkarsh Mandal (MASUM) et le Forum
pakistano-indien des Peuples pour la Paix et la Démocratie.
Des professeurs, des étudiants, des représentants de médias et d’Ongs
venus d’Inde, du Pakistan et d’Afghanistan, ont à cette occasion soumis
des contributions sur le thème sensible du crime d’honneur dans les
pays d’Asie du Sud.
Les participants ont mis en évidence les motifs sous-jacents à ce
type de crime et suggéré des pistes pour l’éviter. La société, ont-ils
unanimement constaté, ferme les yeux sur ces crimes,
ce qui permet à de tels actes de prospérer.
Ils ont souligné que de tels crimes
- qui vont du meurtre et autres violences physiques à l’humiliation, la
sous-alimentation, la privation et la relégation -, se produisent en
permanence dans les pays d’Asie du Sud.
Lorsqu’une femme choisit un partenaire de vie contre la volonté de sa
famille, il n’y a pas seulement meurtre, traque ou rejet de sa
personne, mais si le couple n’est pas banni par la famille, celle-ci se
voit également punie, mise à l’amende et humiliée par la caste, la tribu
ou la communauté, ont-ils indiqué.
Au nom de l’honneur, les femmes sont soumises au contrôle des pères
ou des frères avant le mariage, de la famille ou la belle-famille
pendant le mariage, et de l’ensemble de la communauté après le mariage
(divorce, fuite, veuvage). Les femmes qui ne tombent pas dans
l’institution du mariage sont encore plus brutalement contrôlées par
tout un chacun, familles, communautés et État inclus.
La notion d’honneur familial joue également quand la famille de la
femme se refuse à intervenir lorsque cette dernière est en butte à la
violence de son conjoint, ou qu’elle la renvoie auprès de son mari
violent, pour des motifs de honte.
Ce que l’on désigne par « Dowry death » relève également du crime d’honneur
(direct ou par indifférence). Comme la victime et les auteurs
appartiennent souvent à la même famille, il est difficile pour la
victime de se voir rendre justice. Le crime se commet sous couvert
d’honneur ou par le truchement de transactions financières - parfois
même en livrant ou troquant des femmes.
Les participants ont souligné que les crimes
d’“honneur” se produisent en raison des rapports inégaux entre hommes
et femmes, car ces dernières, faute d’un égal accès à la propriété, sont
privées du droit à l’autodétermination.
Autre source majeure de la perpétuation des crimes liés à l’honneur : la peur et le
contrôle de la sexualité féminine. Du fait que la pérennisation du
patriarcat et la transmission de la propriété du père au fils reposent
sur la virginité avant le mariage et la monogamie après le mariage
imposées aux femmes, la société approuve des pratiques telles que les
mariages d’enfants et les dispositifs brutaux de contrôle social comme
les crimes commis au nom de
l’honneur.
Au terme de ce séminaire, les participants se sont engagés, dans une
déclaration commune, à poursuivre leurs efforts pour que cessent les crimes d’honneur et les traitements
discriminatoires à l’égard des femmes.
• Représentant afghan au séminaire
Danish Karokhel, le représentant de l’Afghanistan et Directeur de Pajhwok
Afghan News a, dans son intervention, dégagé les principales
raisons du meurtre d’honneur et du traitement discriminatoire infligé
aux femmes dans la société afghane, citant à cet égard :
l’analphabétisme et l’ignorance largement répandus dans la population,
la faiblesse des institutions, une police sans moyens et un système
judiciaire dépassé, la présence d’individus puissants et de warlords
ainsi que la nature tribale de la société afghane.
Exposant le rôle des médias dans l’information sur les crimes d’honneur et la prise de conscience
au sein de la population, Karokhel a indiqué qu’ils avaient plus
activement rendu compte de ces crimes
au cours des dernières années.
Mais, selon lui, tous les faits ne sont pas rapportés dans la mesure
où, dans leur grande majorité, ils se produisent dans des provinces très
reculées auxquelles ni les Ongs, ni les journalistes n’ont accès. De
plus, en raison du respect aveugle que les gens portent à leurs coutumes
et leurs traditions dans ces régions, les représentants des Ongs ou les
journalistes ne se risquent pas à y aller et à relater ce genre de cas.
Karokhel a soumis plusieurs propositions en vue de décourager et
d’extirper le crime : renforcement des institutions, extension de la
juridiction du gouvernement jusqu’aux districts et provinces reculés,
contrôle des warlords et des chefs tribaux puissants, révision de la
législation concernant les femmes, relance du système judiciaire,
renforcement de la police et augmentation du taux d’alphabétisation.....