"...La charité est un business.
Au point qu’aux États-Unis, le conseil en
dons est un nouveau métier fort lucratif. En fonction de vos goûts
personnels, on vous aiguillera vers l’opération assurant le meilleur «
retour sur investissement » en termes d’impact social : 500 enfants
tirés de la misère, 1 000 analphabètes en moins, etc. Au passage, le
conseiller empoche de 1 à 5 % du don. De même, des banques privées
proposent des « philanthropy advice services » pour accompagner la
démarche, jusqu’à faire la publicité des dons pour les donateurs qui le
souhaitent...
« En Europe, les Pays-Bas sont la nation la plus avancée
en matière de fondations, car l’on y trouve beaucoup de fonds de pension
à vocation de retraite par capitalisation, observe Gilles Dard,
président de l’activité gestion privée de Merrill Lynch, qui gère la
fortune de 700 familles françaises et dispose de spécialistes ès
philanthropie. « En France, ceux qui passent à l’acte sont moins
nombreux qu’ailleurs. Mais le phénomène s’est amplifié depuis trois ans,
au rythme de l’accélération de la création de richesse des dernières
années. Et avec l’aide de la loi Aillagon, malheureusement encore un peu
confidentielle. » Il y voit une tendance de fond. « Au-delà de 50
millions d’euros de patrimoine, tous y pensent et souhaitent clairement
qu’on leur en parle. Ils investissent sur plusieurs générations et
veulent être sûrs que le ratio argent investi/efficacité sera optimal. »
Le cas le plus fréquent est le grand industriel qui a vendu son
entreprise, préparé sa retraite, offert un appartement et un pécule à
ses enfants, et qui décide de placer le reste à très long terme de façon
à ce que sa générosité lui survive.
Une façon de s’acheter un peu d’immortalité ?... "
(Gisèle Prévost)