Lamartine :
“Jamais un homme ne se
proposa, volontairement ou involontairement, un but plus sublime,
puisque ce but était surhumain : Saper les superstitions interposées
entre la créature et le Créateur, rendre Dieu à l’homme et l’homme à
Dieu, restaurer l’idée rationnelle et sainte de la divinité dans ce
chaos de dieux matériels et défigurés de l’idolâtrie… Jamais homme
n’accomplit en moins de temps une si immense et durable révolution dans
le monde, puisque moins de deux siècle après sa prédication,
l’islamisme, prêché et armé, régnait sur les trois Arabies, conquérait
à l’Unité de Dieu la Perse, le Khorasan, la Transoxiane, l’Inde
occidentale, la Syrie, l’Egypte, l’Ethiopie, tout le continent connu de
l’Afrique septentrionale, plusieurs îles de la méditerranée, l’Espagne
et une partie de la Gaule. Si la grandeur du dessein, la petitesse des
moyens, l’immensité du résultat sont les trois mesures du génie de
l’homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l’histoire
moderne à Mahomet ? Les plus fameux n’ont remués que des armes, des
lois, des empires ; ils n’ont fondé, quand ils ont fondés quelque
chose, que des puissances matérielles, écroulées souvent avant eux.
Celui-là a remué des armées, des législations, des empires, des
peuples, des dynasties, des millions d’hommes sur un tiers du globe
habité ; mais il a remué, de plus, des idées, des croyances, des âmes.
Il a fondé sur un Livre, dont chaque lettre est devenue une loi, une
nationalité spirituelle qui englobe des peuples de toutes les langues
et de toutes les races, et il a imprimé, pour caractère indélébile de
cette nationalité musulmane, la haine des faux dieux et la passion du
Dieu un et immatériel… Philosophe, orateur, apôtre, législateur,
guerrier, conquérant d’idées, restaurateur de dogmes rationnels, d’un
culte sans images, fondateur de vingt empires terrestres et d’un empire
spirituel, voilà Mahomet. A toutes les échelles où l’on mesure la
grandeur humaine, quel homme fut plus grand ?…” Lamartine, Paris 1854
Voltaire :
"Sa religion est sage, sévère, chaste, et
humaine : sage, puisqu’elle ne tombe pas dans la démence de donner à
Dieu des associés, et qu’elle n’a point de mystères ; sévère,
puisqu’elle défend les jeux de hasard, le vin et les liqueurs fortes,
et qu’elle ordonne la prière cinq fois par jour ; chaste, puisqu’elle
réduit à quatre femmes ce nombre prodigieux d’épouses qui partageaient
le lit de tous les princes de l’Orient$ ; humaine, puisqu’elle nous
ordonne l’aumône bien plus rigoureusement que le voyage de la Mecque.
Ajoutez à tous ces caractères de vérité la tolérance »,« Il faut prendre un parti » (1772), dans Œuvres complètes de Voltaire, Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 28, chap, p. 547