@ M. Sage,
Quelques très brèves anecdotes :
Il y a 15 ans environ : j’enseigne le français dans un collège ZEP à très très forte population immigrée ( certaines classes ne comprennenet que des élèves d’origine arabe ) ; un de mes élèves me demande soudain : « Madame, qu’est-ce que ça veut dire » crouille « ? » Je lui réponds que c’est un terme raciste extrêmement méprisant pour désigner une personne d’origine arabe.L’élève écoute attentivement la réponse et ne dit rien ; moi non plus ; et je poursuis le cours. Pourtant intérieurement je frémis en songeant à cet adolescent ainsi insulté par un terme dont il ignore le sens et qui vient de l’apprendre....
Dans ce collège, beaucoup d’enseignants respectent les élèves mais il en est quelques uns...
L’un d’eux se vante régulièrement à la salle des profs de sa « pratique » quand un élève le gêne ( bavardages) ; il dit : « Va dans ta niche. »
Un autre, prof de français, toujours à la salle des profs, parle des élèves en disant « les phacochères » . C’est lui aussi qui , dans un rapport sur une sortie, écrit à propos d’un élève : « primate furtif »
Une salle des profs sert souvent de défouloir ( travail difficile, tension nerveuse, etc...) et ces propos sont le plus souvent tenus dans l’indifférence générale ; je proteste à chaque fois mais que c’est « usant » d’être toujours seule à le faire !
Une autre enseignante, prof de gym, se « vante » de faire exécuter les exercices les plus fatigants de son programme durant le Ramadan...
Je répète : ces faits ne concernent que quelques individus, très minoritaires par le nombre.
Mais personne n’intervient, excepté moi, pour s’en indigner...
C’est en 1998 que j’apprends que certains élèves nous appellent « les blancs »...
Ce sont seulement quelques exemples mais si vous saviez combien j’en ai encore dans mon sac !
Les mots ont une puissance incroyable : ils peuvent blesser à vie, tuer même et beaucoup en sont inconscients...
Quel que soit leur niveau socio-économique, il est des gens qui emploient des termes racistes. Souvent, non dépourvus d’intelligence, ils peuvent, par ailleurs, tenir des propos extrêmement sensés sur tel ou tel problème. Je ne comprends pas : pour moi, utiliser des termes racistes dans une conversation, c’est comme mélanger des détritus avec un bon repas et avaler le tout.
Ne croyez pas pour autant que je tombe dans l’angélisme encore si à la mode. Pour moi, un imbécile est un imbécile quelle que soit sa couleur de peau. Que l’imbécile en question soit de couleur rouge, verte ou bleue, peut m’importe : cela ne m’empêchera pas de lui dire ce que je pense de lui, si je le juge nécessaire.
Chacun sait que la connerie est la chose la mieux partagée du monde !
Et d’ailleurs, je ne m’exclue pas du lot.