@Anti-oligarchie
Les mystiques musulmans, les soufistes, ont plus de points communs avec les yogis tibétains et indiens qu’avec les « fanatiques des Écritures » dans toutes les religions. L’islam et le bouddhisme ne sont pas si antinomiques.
Je vous rejoins quand vous dites que ce qui séduit les occidentaux dans le bouddhisme, c’est la perspective d’en finir avec la souffrance et l’agitation mentale. Malheureusement pour eux, il n’a jamais été question dans le bouddhisme de se débarrasser de la souffrance, c’est une méprise, un raccourci.
Ce dont il est question, comme dans tous les enseignements mystiques de toutes les religions, c’est d’ôter couche par couche tous les voiles qui nous empêchent de voir les choses telles qu’elles sont, et de renoncer à notre « petit moi », de nous « vider » de nous-mêmes afin que la « conscience » ou « Dieu » emplisse notre être et soit notre seul guide. C’est plus délicat que de se conformer bêtement à un dogme soit-disant « révélé ». Cela demande une attention permanente et des efforts sans cesse renouvelés, sans espoir d’un quelconque gain.
Pour citer un soufi, Ibn’Arabî :
« [...] Chacun [des êtres des 3 règnes : minéral, végétal, animal] connaît son créateur par intuition directe (kashf) et par signes évidents ;
Tandis que l’homme est conditionné [dans sa connaissance de Dieu] par la raison, la pensée et le dogme de sa croyance.
C’est ce qu’affirma Sahl [at-Tostarî] et le connaisseur de la réalité [le soufi Abu Yazîd al-Bustâmî], comme nous,
Car tous - nous et vous - nous sommes dans la station de la vertu contemplative (al-ihsân).
Chacun qui contemple la réalité que j’ai contemplée, dira de même, en secret et ouvertement.
Ne te tourne donc pas vers ceux qui nous contredisent, et ne sème pas le grain dans la terre des aveugles !
Car ce sont eux les sourds et les muets dont parla - pour nos oreilles - l’Exempt de péchés [le Prophète] dans le Coran. »
Les différences que j’ai observées entre les religions appartiennent au dogme, à l’aspect « croyance ». Tous les enseignements ésotériques se rejoignent, bien qu’ils soient « codés » différemment, les moyens employés pour accomplir la destinée de l’être sont semblables. Cette connaissance existe par-delà le temps et l’espace : toujours vivante, toujours d’actualité, qu’importe les formes que prend le rite, qu’importe les croyances véhiculées par les néophytes.