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Commentaire de eric

sur Le hoax antisémite sur les prétendues origines juives d'Hitler remis au goût du jour par un « journaliste citoyen »


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eric 25 août 2010 18:01

Bonjour :

S’interroger sur des origines juives d’Hitler ne peut effectivement n’intéresser que des antisémites. Mais plus largement, essayer de trouver un lien entre les origines de cet homme et ce qui s’est passé est à mon avis une préoccupation de gens qui ont peur.Peur des autres, d’eux même et de la triste vérité ...
Et à juste raison !
On peut évidemment se faire le coup de la haine de soi, façon Karl Marx, d’une famille récemment convertie et persuadé que les juifs et les hongrois étaient par nature impropres à construire le socialisme ( son gendre Lafarge lui proposa une solution « humaine » finale et sans douleur, le recours aux gaz modernes parait il) .
Mais se focaliser là dessus c’est surtout, au delà de l’antisémitisme, retomber dans une pensée primitive. Chercher dans une personne, les origines de la monstruosité, et dans ses origines, les origines des origines.....  Bien sur Hitler a eu un rôle personnel, Jean Marie Domenach en parle très bien dans le retour du tragique. Mais cela n’est pas le plus important.

Dans « de la réforme aux lumière » H.R. Trevor Ropper ; montre que les dirigeant suivent toujours les aspirations populaires, parfois à contre cœur. et sont ensuite considérés comme responsables par le même peuple revenu à la raison. Les revendications sociales du peuple espagnol contraignent rois et seigneurs à persécuter les juifs et les maures sans enthousiasme et même avec une certaine mauvaise volonté (les seigneurs chrétiens étaient satisfait de leur main d’œuvre morisque et prenait leur défense).  Les Français applaudissent et amplifient le simple règlement de compte politique de la Saint Barthélemy Mais c‘est le Roi et Guise qui sont coupables, les Allemands donnent à Hitler les moyens de détruire les juifs. Et on voit chez Domenach, les réticences ,en « privé » des dignitaires allemands. Mais à la fin, on nous explique qu’ Hitler était fou, génial ou taré.

« Les grands massacres sont ordonnés par les tyrans mais ils sont imposés par le peuple. Sans le soutien de la société, les dispositifs de ségrégation et d’expulsion ne sauraient être mis en œuvre.

« Sans les tribuns populaires, la persécution ne saurait être organisée. Sans le peuple elle ne saurait être imaginée. »

Or, le peuple, c’est nous, nous tous.

Une « généalogie du mal » n’explicite pas sa nature.

l’Allemagne était notre « cœur ». Le cœur de la civilisation européenne. Sa partie la plus moderne, la plus évoluée, la plus « civilisée ». C’était, il faut le rappeler, celle où les juifs étaient les plus intégrés. On voit dans les souvenirs de Sweig, que les juifs germaniques étaient les civilisés par excellence au sein du phare de notre civilisation. En devenant monstrueuse, elle nous a surtout montré, à mon avis, que nous pouvions, nous aussi être ou devenir des monstres. Au moins que cette monstruosité était tapie en nous et pas isolée chez l’un ou l’autre individu pervers. S’attacher à la personne d’Hitler, c’est peut être essayer d’exorciser le monstre qui est peut être tapie en nous

Le

judaïsme, si on peut parler ainsi, et à la fois une partie de notre cœur (héritage historique, spirituel, culturel etc..) et notre miroir. Une partie de nous légèrement décalée qui nous renvoie notre image. Il est parfaitement logique qu’en période de crise sociale existentielle, il soit le bouc émissaire le plus évident. D’ailleurs aujourd’hui, des catégories sociales en crise identitaires sont, non plus antisémites, mais « antisionnistes », c’est à dire font preuve d’une agressivité parfaitement disproportionnée eu égard aux enjeux à l’endroit d’Israël, qui est, a tous égard, dans la région et dans le monde, ce qui ressemble le plus aux sociétés dont sont issus ces antisionnistes. Ce qui est le plus proche en pratique de leur propres valeurs. Les Kiboutz, Ben Gourion, etc... la création d’Israël est aussi un grand projet socialiste, de gauche, révolutionnaire, marxiste...

Quand l’hystérie collective mimétique gagne, il n’y a que trois solutions. Essayer de rester dans son coin (cela marche rarement) allez le sourire au lèvre et la peur au ventre à la crucifixion, ou participer joyeusement à l’arrachage collectif de ce cœur de substitution en espérant que la crise passera avant que l’on soit atteint.

Vous me direz, on peut aussi se battre. Certes ! cela a été fait avec un certain succès en 40. Mais pour quel résultat ? 60 après, on retrouve dans l’espèce de frénésie antisioniste des trucs étrangement familiers.

Et se battre contre qui ? Parce que l’on revient au problème précédent, ces gens, les Nazis, les antisionistes, c’est aussi une part de nous, c’est notre société qui les produits. Il serait trop simple de croire qu’il suffirait de les faire taire.

Alain Julles est il un tribun populaire ? Est il un Hitler en puissance ? Est il comme lui , pour reprendre les termes de Domenach, un néant ? Un bateleur qui connait quelques ficelles pour faire parler de lui ? Peut être, mais ce qui importe plus serait de savoir ce que nous portons en nous tant collectivement qu’individuellement qui produit ce genre de chose. 

Alors quoi ? je ne sais pas très bien.

Il est indispensable de démonter les clichés éculés et transparent que véhiculent des Alain Julles. Il ne faudrait pas leur laisser croire que les temps sont déjà revenus où ont pouvait se faire un nom, une situation, en agitant les remugles de l’âme humaine. mais il faut, je pense, toujours garder à l’esprit, qu’Alain Julles et consorts, ne sont pas,« le ventre fécond dont sortit la bête immonde », tout comme Hitler n’était pas étranger à l’humanité. Tous sont comme nous, des êtres humains qui pédalent dans la même choucroute que nous. Même si ils en sont encore, comme Hitler, a désespérément chercher qui porte le« mal » en imaginant qu’une fois celui là éradiqué, on pourra vivre enfin sans avoir peur.

Peut être faudrait il ajouter à votre utile critique une parole affectueuse pour montrer qu’on ne les prends quand même pas trop au sérieux et qu’on les aime bien quand même ? Leur dire, n’ayez pas peur. Le fond du problème est en vous, comme en nous, donc à nos portée ?


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