« Dieu dit qu’il ne considère pas le coupable comme innocent mais qu’il fait miséricorde.
Il est revenu sur sa décision à cause de l’intercession de Moïse, mais les coupables méritaient leur juste châtiment »
Bien. Remontons à présent la roue du temps et tentons de saisir en quoi faire « acte de miséricorde » est pertinent ou non concernant un événement selon toute vraisemblance fort peu significatif. Car s’il n’y a de Dieu que Dieu, l’idôlatrie, qui en soi serait un simple crime de lèse majesté, ne demeurerait qu’une erreur ponctuelle de jugement. Quel est le sens caché derrière la volonté d’exterminer un peuple qui adule une pèle-bêche ou un sac de ciment ? Dieu entend-il par une punition, puis une miséricorde bienvenue, montrer à ces instances de cadavres que lui seul est en mesure de leur faire goûter aux joies du trépas ? Peut-être, mais je m’égare
Moise en Egypte parvint à démontrer que son Dieu était plus puissant que les dieux Egyptiens.
En supposant qu’il ne s’agisse que d’une image, ce que vous me répondrez sans doute, que de dieux égyptiens il n’y eut point, la colère divine prétendument liée à l’idôlatrie et à son corollaire, l’absence de foi en l’Unique (ca me rappelle férocement le Seigneur des Anneaux), ne s’abattrait que sur ceux des humains que Dieu a choisis, un petit groupe dans la multitude des peuples, et qui, par la suite, le renieraient via des prières déplacées -alors que les membres mêmes de cette « communauté » n’ont apparemment pas d’alternative, puisqu’il s’agit de l’Unique et qu’il les a désignés.
Remarquons dans un premier temps l’extraordinaire paradoxe consistant à n’infliger un « juste châtiment » (ce sont vos mots) à une communauté arbitrairement élue qui se dévoierait en réponse à un crime qui, lorsqu’il est perpétré par d’autres peuples évidemment créés par le même Unique (c’est le principe du monothéisme), n’appellerait à rien d’autre qu’à l’indifférence totale ou le dédain silencieux. Vous me suivez ?
Considérons par la suite la fameuse miséricorde dont vous avez l’air de faire grand cas dès lors que celle-ci vient de Dieu. Dieu, responsable du maintien des Hébreux (arbitrairement élus, rappelons-le) en Egypte (puisqu’il raffermit le coeur de Pharaon qui changea d’avis et ne les laissa pas partir, contrairement à sa promesse initiale) fait montre d’une magnanimité exceptionnelle à l’égard de ceux qui suivent le droit chemin qu’il a lui-même jalonné d’embûches. C’est lui qui provoque le malheur sans cesse renouvelé des hébreux. C’est lui qui « éprouve » Job. Si l’omnipotence et l’unicité du créateur vous semblent évidentes, évidentes sont également ses créations ; dont le mal. Pardonner un crime dont on est, même indirectement responsable, semble être la marque de fabrique de l’Unique.
J’ai souvent utilisé cette image que je trouve assez juste rapport à la fameuse et trop souvent mise en avant de la bonté divine : un père laisse une arme à feu sous le lit conjugal. Il ordonne à ses enfants, innocents, tout comme l’Homme avant d’avoir mangé de fruit de l’arbre de la connaissance, de ne jamais aller dans la chambre des parents. Les enfants s’y rendent malgré les ordres du géniteur ; et le petit de 4 ans tue sa soeur de 3 ans d’un coup de feu.
La logique des Hommes voudrait que le père soit responsable et qu’il passe quelques temps derrière les barreaux. La logique divine condamne l’enfant et l’adulte qu’il deviendra à « enfanter dans la douleur », à « travailler le sol et manger du pain, fruit de la sueur de son front », à adorer Dieu, celui-là même qui fut responsable de son malheur et qui, de plus, le menace en cas de dévoiement manifeste des pires souffrances jusqu’à la fin des temps, si tant est que ceux-ci en aient une.
J’ose espére que ce genre de personnage n’existe pas.