@ Alexandre Gerbi
Extraits de mes mémoires :
Nos politiciens croyaient-ils vraiment qu’à la suite des accords d’Evian, nos harkis ... allaient pouvoir tranquillement retourner dans leurs douars ?... J’ai plutôt tendance à croire qu’il y eut de la part de nos gouvernants une manoeuvre psychologique d’une hypocrisie sans pareille... J’avais au titre de la compagnie que je commandais, en plus des appelés, une vingtaine de harkis. Avec leur famille, cela représentait une centaine d’âmes... Il fallut les engager sur un nouveau statut à l’exception d’1/5ème qu’on aurait dû renvoyer avec le maigre pécule prévu (pour la petite histoire, disons que nous avons tourné le problème en résiliant les harkis « fictifs » du bataillon dont les soldes « réelles » permettaient de faire la « goutte de lait » et autres oeuvres d’humanité).
Mon sous-officier adjoint s’occupa de constituer un dossier pour chaque harki et parcourut le djebel pour obtenir des copies d’état-civil manquants (contre backchich). De mon côté, je contrevenais aux ordres en envoyant en France des lettres polycopiées pour rechercher des emplois (toujours pour la petite histoire, je dois dire que l’accueil a été favorable de la part d’un certain nombre de chefs d’entreprise de province, contrairement aux grandes entreprises noyautées par le FLN).
Je perdis administrativement mes harkis qui furent versés dans une harka dite de gendarmerie dont l’encadrement était composé de simples gendarmes qui portaient des galons fictifs d’un grade supérieur à ceux qu’ils avaient réellement... Tous les jours ou deux jours, je prenais ma jeep pour maintenir leur moral qui était bas et même très bas...
Finalement, Paris accepta leur retour en métropole.