C’est une énorme désinformation..... :
le leader du Parti antisionniste, Dieudonné M’bala M’bala, de passage à Téhéran dans le cadre d’un projet cinématographique, a souhaité intercéder pour la condamnée. Il a demandé audience aux autorités compétentes et a été reçu par Ali Zadeh, vice-président du Conseil de la magistrature et porte-parole du ministère de la Justice.
L’entretien aura été un modèle du genre. M. Zadeh se demandant si son interlocuteur, humoriste de profession, ne se moquait pas de lui en lui rapportant ses craintes. Tandis que M. M’bala M’bala se faisait répéter plusieurs fois les réponses à ses questions tant il avait du mal à croire avoir été manipulé à ce point.
Succédant à la dictature du Shah Reza Pahlevi, la République islamique s’est avant toute chose préoccupée de mettre fin à l’arbitraire et d’instaurer un état de droit le plus rigoureux possible. Pour ce qui concerne les crimes passibles des assises, le système judiciaire prévoit de longue date une possibilité d’appel. En tout état de cause, la Cour de cassation est automatiquement saisie pour vérifier la légalité de la procédure. Le système judiciaire offre donc des garanties bien supérieures à celles des juridictions françaises, et les erreurs y sont beaucoup moins fréquentes.
Cependant, les condamnations ont conservé une dureté particulière. Le pays applique notamment la peine de mort. Plutôt que de diminuer le quantum des peines, la République islamique a choisi d’en limiter l’application. Le pardon des victimes, ou de leurs familles, suffit à annuler l’exécution des peines. Du fait de cette disposition et de son usage massif, il n’existe pas de grâce présidentielle.
La peine capitale est souvent prononcée, mais très rarement appliquée. Le système judiciaire pose un délai d’environ cinq ans entre le prononcé du jugement et son exécution dans l’espoir que la famille de la victime accordera son pardon et que le condamné sera ainsi gracié et immédiatement libéré. Dans la pratique, les exécutions concernent surtout les gros trafiquants de drogue, les terroristes et les assassins d’enfants. L’exécution est effectuée par pendaison en public.
On peut espérer que la Révolution islamique poursuivra son évolution et abolira prochainement la peine de mort.
Quoi qu’il en soit, la constitution iranienne reconnaît la séparation des pouvoirs. Le système judiciaire est indépendant et le président Ahmadinejad n’a rien à voir avec une décision de justice, quelle qu’elle soit.
Manipulations
Dans le cas Sakineh, toutes les informations diffusées par Bernard-Henry Lévy et confirmées par Nicolas Sarkozy sont fausses.
1. Cette dame n’a pas été jugée pour adultère, mais pour meurtre. Au demeurant, il n’est pas prononcé en Iran de condamnation pour adultère. Plutôt que d’abroger cette incrimination, la loi a stipulé des conditions d’établissement des faits qui ne peuvent être réunies. Il faut que quatre personnes en aient été témoins au même moment [4].
2. La République islamique ne reconnaît pas la Sharia, mais exclusivement la loi civile votée par les représentants du peuple au sein du Parlement.
3. Mme Mohammadi-Ashtiani a drogué son mari et l’a fait tuer durant son sommeil par son amant, Issa Tahéri. Elle et son complice ont été jugés en première et seconde instance. Les « amants diaboliques » ont été condamnés à mort en première et seconde instance. La Cour n’a pas établi de discrimination selon le sexe des accusés. Il est à noter que, dans l’acte d’accusation, le relation intime des meurtriers n’est pas évoquée, précisément parce qu’elle n’est pas prouvable en droit iranien, même si elle est rapportée comme certaine par des proches.
4. Le peine de mort est susceptible d’être exécutée par pendaison. La lapidation, qui était en vigueur sous le régime du Shah, et encore quelques années après son renversement, a été abolie par la Révolution islamique. Indigné par les assertions de Bernard-Henry Lévy et Nicolas Sarkozy, le vice-président du Conseil iranien de la magistrature a déclaré à Dieudonné M’bala M’bala qu’il mettait au défi ces personnalités sionistes de trouver un texte de loi iranien contemporain qui prévoit la lapidation.
5. Le jugement est actuellement examiné par la Cour de cassation qui doit vérifier la régularité de chaque détail de la procédure. Si celle-ci n’a pas été scrupuleusement respectée, le jugement sera annulé. Cette procédure d’examen est suspensive. Le jugement n’étant pas encore définitif, la prévenue bénéficie toujours de la présomption d’innocence et il n’a jamais été question de l’exécuter à la fin du Ramadan.
6. Me Javid Houstan Kian, qui est présenté comme l’avocat de Mme Mohammadi-Ashtiani, est un imposteur. Il est lié au fils de la prévenue, mais n’a jamais eu de mandat de cette dame et n’a jamais eu de contact avec elle. Il est membre des Moujahidines du Peuple, une organisation terroriste protégée par Israël et les néconservateurs [5].
7. Le fils de la prévenue vit normalement à Tabriz. Il peut s’exprimer sans entraves et téléphone fréquemment à M. Lévy pour critiquer son pays, ce qui illustre le caractère libre et démocratique de son gouvernement.
En définitive, rien, absolument rien de la version Lévy-Sarkozy de l’histoire de Mme Sakineh Mohammadi-Ashtiani, n’est vrai. Peut-être Bernard-Henry Lévy a t-il relayé de bonne foi des imputations fausses qui servaient sa croisade anti-iranienne. Le président Nicolas Sarkozy ne peut invoquer quant à lui la négligence. Le service diplomatique français, le plus prestigieux du monde, lui a certainement adressé tous les rapports utiles. C’est donc délibérément qu’il a menti à l’opinion publique française, probablement pour justifier a posteriori les sanctions drastiques prises contre l’Iran au détriment notamment de l’économie française, pourtant déjà gravement blessée par sa politique.