Bonjour
La notion de seuil de toléranc demande à être analysée de manière critique, tant elle est historiquement et sociologiquement connotée...
"....On part
de l’hypothèse d’une xénophobie populaire naturelle, et non pas politique. Le
réalisme consiste alors à aligner la politique sur la nature supposée de l’électorat.
Pour s’opposer à une telle politique, il ne suffit pourtant pas de dénoncer la
démagogie de la droite ; ce serait encore accréditer l’hypothèse d’une
demande spontanée de xénophobie.
L’efficacité de cette
hypothèse participe d’une hégémonie idéologique de la droite – et pas seulement
en matière d’immigration : sans même parler d’économie, rappelons-nous les
tergiversations de Lionel Jospin au début de la querelle du pacs… Depuis
longtemps, la gauche qui se veut raisonnable et modérée n’ose plus s’affirmer
que timidement. En conséquence, l’électorat n’est plus confronté à une
alternative, mais à une option unique : les partis offrent des versions
plus ou moins alarmistes d’un même « problème de l’immigration »,
sans jamais interroger son évidence. Et à force d’inquiéter l’opinion, celle-ci
ne devient-elle pas… inquiète ?
C’est un cercle vicieux : les
politiques trouvent la confirmation de leur croyance partagée dans les effets qu’elle
induit. Quant au peuple, il finira bien par se reconnaître dans le miroir que
lui tend le « réalisme » de droite en devenant ce qu’il aurait
toujours été – xénophobe. C’est du moins ce que le sarkozysme veut à tout prix nous
faire croire, quitte à s’appuyer sur des sondages trop beaux pour être vrais.
Bref, avec la xénophobie,
à tous les coups l’on gagne ! Dès lors, pourquoi s’en priver ? Cette
machine infernale ne semblait jamais devoir s’arrêter. Aujourd’hui, on se prend
pourtant à douter, surtout à droite.... »....(Fassin)