@ Chem Assayag
Ma démarche ne change pas par rapport à mes précédents articles sur le sujet. Je mets les médias et leur discours dominant face à leurs contradictions (dans l’espoir un peu vain de les voir réagir). Je les entends dire : « tous les gens sérieux adhèrent à 100% à la version officielle, seuls des idiots sur Internet doutent » ; je montre que c’est faux : des gens sérieux et compétents doutent aussi. Je les entends tenir un discours simple sur les attentats : « Al Qaïda est le seul responsable du 11 septembre » ; je montre que des informations qu’ils ont eux-mêmes publiées suggèrent que c’est faux. Je ne juge même pas de la véracité des informations en question, je rappelle seulement leur existence. Je ramène à la surface des informations oubliées, qui pourtant n’ont rien d’anodines, et qu’il faudrait éclaircir pour connaître au mieux ces événements propices à tous les fantasmes.
Dans l’article de ce jour, je restitue ce qu’écrit Eric Margolis, sans prendre parti le plus souvent, en le critiquant légèrement parfois, en l’explicitant aussi un peu. Je montre le trouble d’un journaliste expérimenté et reconnu, qui ne conclut rien, et n’exclut pas que la version officielle puisse être vraie.
J’ai lu votre article, très intéressant, qui analyse, lui, le phénomène général du « conspirationnisme ». Je ne m’y reconnais personnellement pas, dans la mesure où je n’ai jamais défendu une théorie alternative. Je vous accorde que la plupart des gens qui contestent la VO du 11/9 ont une théorie sous-jacente. Ce n’est pas mon cas, ce qui rend ma position sans doute très singulière (et difficilement compréhensible par certains). Je pense qu’il convient de mettre en évidence les informations qui posent problème (à des internautes, mais aussi des grands reporters comme Fisk et Margolis, mais aussi d’anciens agents du renseignement américain, mais aussi d’anciens militaires américains, etc.) et d’essayer (dans l’idéal avec l’aide des journalistes professionnels) de les creuser. Jusqu’ici les journalistes se contentent le plus souvent, lorsqu’ils sont informés, de reconnaître certaines zones d’ombre, mais ils n’enquêtent pas. C’est cette absence d’enquête qui nourrit les « théories du complot » - que les journalistes se plaisent ensuite à dénoncer.
Quand vous dites dans votre article : « il est presque vain d’essayer d’aborder et de réfuter, point par point, les »zones d’ombre« soulevées par les uns et les autres car très rapidement les débats deviennent totalement incompréhensibles », j’en suis assez d’accord, notamment lorsqu’on touche à des questions techniques. Mais toutes les zones d’ombre ne requièrent pas des compétences scientifiques pour les appréhender. On se concentre malheureusement trop souvent sur celles-ci.
Toujours dans votre article, vous écrivez que « les thèses du complot ne résistent pas à l’examen du mobile, ou en tout cas des moyens mis en œuvre. Ces moyens paraissent totalement disproportionnés et inutiles quant aux résultats visés. » Ou encore : « les mêmes objectifs auraient pu être atteints beaucoup plus facilement et avec un coût (humain, financier, géopolitique) et une prise de risque bien moindres. » Vous essayez ici de vous mettre dans la tête des hypothétiques comploteurs américains, et jugez que pour atteindre leurs fins ils n’auraient pas eu besoin de permettre ou commettre ces attentats. Je trouve personnellement assez hasardeux de tenter de se mettre dans la tête des autres, pour y deviner leurs motivations, leurs stratégies. Je préfère lire ce qu’ils écrivent, c’est plus simple et plus sûr.
Dans le rapport « Reconstruire les défenses de l’Amérique », publié en septembre 2000 par le think tank « Project for the New American Century », composé du noyau dur de la future administration Bush, on prône un certain nombre de réformes militaires (trop long à détailler) visant à assurer l’hégémonie américaine au XXIe siècle. http://www.newamericancentury.org/RebuildingAmericasDefenses.pdf Page 13, on peut lire : « L’échec à se préparer aux défis de demain sera l’assurance que l’actuelle Pax Americana touchera rapidement à sa fin ». Puis, page 51 : « Le processus de transformation, même s’il est porteur de changements révolutionnaires, sera probablement long, en l’absence d’un événement catastrophique et catalyseur - comme un nouveau Pearl Harbor ». La catastrophe d’un nouveau Pearl Harbor apparaît ici presque souhaitée ; sans elle, « l’actuelle Pax Americana » toucherait, nous dit-on, « rapidement à sa fin ». Je ne rappelle pas ce point pour défendre une théorie, mais pour vous montrer que pour les néoconservateurs du PNAC, les objectifs vitaux pour l’hégémonie américaine ne pouvaient être atteints RAPIDEMENT que suite à une catastrophe (qui aurait mobilisé l’opinion et l’ensemble des forces politiques).
Ce possible mobile est d’ailleurs évoqué par une journaliste de la chaîne ABC, qui interroge un membre du PNAC : http://dai.ly/9GqQ57 mais aussi par l’ancien ministre de Tony Blair, Michael Meacher, et l’ancien ministre allemand Andreas von Bulow : http://dai.ly/aywlKY
Quant à la guerre en Irak, elle n’est pas un scandale pour tout le monde. De nombreux conservateurs la considèrent comme un succès, et affirment que tous les services de renseignement en 2003 - français inclus - croyaient à l’existence d’armes de destruction massive en Irak. Voir cette émission de LCI avec Evelyne Joslain, à partir de 11 min 30 : http://www.evelynejoslain.com/index.php