"mais si on avait rien inventé de tout celà , avant l’
industriallisation les rivières c ’était avec de l’ eau , l’ air c
’était de l’ air , les champignons comestibles étaient comestibles , on
savait faire pousser des fruits et légumes sans pourrir l’
environnement " : et en même temps, on vivait au grand air...
On travaillait six jours sur sept tout au long de l’année, moins quelques fêtes religieuses. Il fallait aussi parfois en plus travailler au service de la seigneurie locale, sans être payés.
On mangeait ce qu’on produisait. C’était pur et bio. Enfin, quand il y en avait. Le repas consistait en priorité en une large tranche de pain et de bouillon de légume. Peu de viande.
Evidemment, en cas de mauvaise récolte, l’année suivante était plus que maigre. il n’y avait pas de surplus ni de moyens de conservation autre que la salaison pour la viande. La famine pouvait frapper à n’importe quel moment. Aucun moyen ou presque de faire venir des aliments d’autres régions : les transports se faisaient par voie fluviale, ou à cheval, ou sur des carrioles ou le plus souvent... A pied. Paris-Marseille se faisait en trois semaines à peu près.
Vu le temps passé dans les champs de toute façon, on ne pouvait pas s’éloigner. Parfois à la ville proche, pour la foire, et encore.
On ne savait que très peu lire. Et encore moins écrire. Nous n’avions pas même l’idée de contester, faute d’éducation. Faute de savoir, le pouvoir était en des mains qui n’étaient jamais les nôtres.
La vie quotidienne n’offrait guère de répit.
Le travail était effectué à la lueur du soleil. Les longues journées d’été étaient plus un calvaire alors qu’un plaisir. Le soir, un moment de discussion au coin du feu et puis au lit, histoire de déstresser un peu et de mettre un peu plus en péril la vie de sa femme.
Elles n’avaient pas la vie facile non plus. Mariées jeunes, parfois contre leur volonté. L’accouchement était un double pile-ou-face.
Pile, la femme meurt d’ infections. Face, elle survit et elle peut remettre sa vie en jeu quelques mois après.
Pile, l’enfant meurt dans les trois premières années de sa vie. Face, il survit et prend la place de son père qui disparait vers l’âge de 45 50 ans en moyenne.
Une fois certain de vivre, l’enfant doit faire attention. S’il se casse une jambe ou tombe malade, pas de médecin, trop cher et de toute façon trop loin. C’est le rebouteux du coin qui essayera de faire quelque chose. Pas même une petite aspirine pour calmer un mal de tête tenace.
S’il devient handicapé ou vieux, et qu’il n’a plus de famille, une seule ressource : la mendicité publique, et les Bonnes Oeuvres. Pas de Sécurité Sociale, pas de Caisse de Retraite. S’il en est capable, il travaillera encore la veille de sa mise en bière.
Je comprend que certains veuillent un monde Bio et sans adjuvants.
Mais il faut admettre que Conservateurs et Colorants rendent l’existence plus attrayante...