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Commentaire de Philou017

sur Maréchal, vous voilà


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Philou017 Philou017 5 octobre 2010 19:26

C’est plus compliqué que cela. Rappelons les évènements. Profitant du choc de la défaite, c’est à un vrai coup d’état que s’est livré Pétain et sa clique :


Ce n’est que le 4 juillet, à Vichy, qu’un projet de loi, à soumettre au vote de l’Assemblée nationale, fut accepté en Conseil des ministres. Il prévoyait de donner tous les pouvoirs au gouvernement de la République, sous la présidence du maréchal Pétain, pour élaborer une nouvelle constitution et la promulguer par des actes constitutionnels. Cela était la négation même d’une règle fondamentale de la démocratie qu’est la séparation des pouvoirs.
Ce projet de loi ayant été approuvé par le gouvernement, Laval pensait avoir abouti dans ses manipulations des règles républicaines. Le 5 juillet, faisant alors fi de la loi constitutionnelle du 14 août 1884, complétant celle du 25 février 1875, qui précise : « La forme républicaine du gouvernement ne peut faire l’objet d’une proposition de révision », devant des parlementaires arrivés à Vichy, d’une part environ 80 députés et d’autre part 60 sénateurs, Laval leur dit que la nouvelle constitution s’alignera sur celles de l’Allemagne et de l’Italie.

569 parlementaires votèrent le projet de loi modifié. Il est incontestable que la plupart d’entre eux avaient toute confiance en Pétain pour respecter la teneur de la loi. Par leur vote, sans en avoir pour la plupart conscience, ces 569 parlementaires avaient ouvert la voie à un coup d’Etat.

Par contre, conscients du danger qu’il y avait de déléguer le pouvoir constituant aux détenteurs du pouvoir exécutif, malgré les menaces et les pressions dont ils furent l’objet, Quatre-vingts parlementaires votèrent contre ce projet de loi modifié. Par leur clairvoyance, leur civisme républicain et leur courage, ils ont sauvé l’honneur de la République.

Le coup d’Etat fut rapide ; le lendemain, 11 juillet, dès que les parlementaires eurent quitté Vichy, contrairement à ce que prévoyait la loi votée la veille, Pétain signa trois actes préparés avec Alibert, son secrétaire d’Etat, une de ses relations privilégiées depuis 1934, pour qui la République était la gueuse qu’il fallait abattre.
Pour être prêts dès le 11, il est vraisemblable que ces textes étaient déjà rédigés dans la logique de la première version du projet de loi, avant qu’il y soit ajouté que la constitution serait approuvée par la nation et appliquée par les assemblées qu’elle aurait créées.

Ces actes ne furent donc que forfaitures et non pas des actes constitutionnels. Par ceux-ci, Pétain s’arrogea le titre de Chef de l’Etat, renvoyant le Président de la République ; il ajourna les Chambres ; il s’accorda les pouvoirs exécutif, législatif et dans les faits, également, le pouvoir judiciaire. Après avoir signé ces trois actes qui instauraient un régime de dictature, Pétain dit tout simplement « Voilà ».
Le 11 juillet, il formait son nouveau gouvernement qui n’était plus celui de la République.

..........

(1) Le 11 juillet 1940, en violation de la loi votée la veille, qui prévoyait qu’une nouvelle constitution ne serait applicable, après sa ratification par la nation, que par les assemblées qu’elle aurait créées, Pétain met fin au régime républicain, en instaurant une dictature, s’engageant ainsi, délibérément, dans la voie de l’extrême droite dont certaines de ses composantes, en 1936, disaient publiquement «  Plutôt Hitler que le Front populaire ».
(2) Le 27 juillet 1940, Pétain abroge le décret réprimant les insultes raciales et confessionnelles et ce, afin de permettre à la presse à sa dévotion de faire une propagande xénophobe et antisémite éhontée. Il est regrettable que cette décision, ignoble, mais capitale pour sa politique, soit trop souvent passée sous silence, même par des historiens.

http://www.80-vichy.fr/vote/vote.html

La liste des 80 parlementaires :

http://mjp.univ-perp.fr/france/80.htm


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