@ Cher Docdory
J’ai expérimenté la grève du zèle et l’ai même organisée lorsque, entre 1979 et 1985, j’enseignais au Lycée Descartes d’Alger, appartenant au réseau de l’Office universitaire et Culturel Français pour l’Algérie et relevant du Ministère des Affaires étrangères français.
Le lycée pourtant rermarquable avec villa mauresque et pavillons divers, sis dans un splendide parc plantés de pins, de magnolias et de bambous, au-dessus de l’aile gauche du théâtre qu’offre la baie d’Alger quand on arrive par bateau, était mal entretenu par l’administration française : fils électriques dénudés, plafonds écaillés incertains, fenêtres descellées, tables et chaises bancales, etc. Au surplus, le droit n’était pas ce qui préoccupait cette administration.
Les lieux avaient été, je crois, le siège du Gouvernement provisoire du Général de Gaulle à Alger.
Nous observions rigoureusement les règles de sécurité et les consignes :
1- on n’entrait pas dans une classe où la sécurité de l’élève était menacée : après relevés des risques, on s’en allait donc en procession avec sa classe en faire la déclaration auprès de l’intendante.
2- On vérifiait ensuite minutieusement l’identité de chaque élève, des fois qu’un intrus se serait introduit.
3- On remplissait alors consciencieusement le cahier de texte avec des pleins et des déliés avant de commencer le cours. Il ne restait plus ensuite beaucoup de temps sur une heure pour faire ce cours.
4- Le clou du spectacle était l’interclasse : une circulaire ancienne obligeait chaque professeur qui restait responsable de ses élèves (article 1384 du Code Civil) à ne les quitter qu’une fois confiés au professeur suivant.
imaginez le cirque pour peu qu’un professeur parte conduire ses propres élèves dans une autre classe, d’où le professeur est lui-même parti pour en faire autant. On attendait longtemps devant une classe !
La grève du zèle était en plus une école d’humour ! Je l’ai raconté dans un livre : « Un blâme académique flatteur ». Paul Villach