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Commentaire de easy

sur Lettre à mon banquier


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easy easy 30 novembre 2010 15:34



Ca fait des mois qu’on nous joue l’’argent dette« 
Il y a quoi, 50 % des gens qui ont déjà lu ce qui est écrit ici.

Résultat ?
Rien n’a bougé.

Pourquoi ? Parce que les gens n’ont pas été révulsés ? Que nenni.
C’est simplement parce que les gens considèrent in petto et très égocentriquement plusieurs choses.
D’abord, ils n’en sont pas morts de l’argent dette. Ils ont même l’impression que leur problème c’est le chômage et la stagnation de leurs revenus (choses qu’ils n’avaient pas eu à subir en d’autres époques alors que le système bancaire était le même). Ils ont aussi l’impression que leur autre problème est celui du logement et que sur ce plan, ils ne voient pas en quoi l’argent dette est pour quelque chose dans le prix de l’immobilier. Ils ont même l’impression que les taux de crédit étant très bas, ce système bancaire soi-disant pourri a au moins l’avantage présent de proposer de l’argent pas cher (Monnaie de singe peut-être mais si l’on peut l’échanger contre un immeuble en pierre, bin c’est chouette)
Mais surtout, les gens qui ont découvert l’ »argent dette« ont confusément compris qu’il s’agissait de dette ou de confiance selon l’éclairage qu’on voulait apporter à la chose. Car chacun se souvient parfaitement avoir un jour ou l’autre poussé la porte de son banquier en carressant l’espoir d’obtenir de lui un prêt (dans le langage bancaire) ou une dette (dans le langage anti bancaire et victimaire)

Pendant qu’ici une poignée de personnes cherche à jouer les Zorro, des milliers d’autres -parfaitement informées que le système ne fonctionne et ne tient que par croyance- sont en train de croiser les doigts pour que leur banquier leur accorde confiance autour d’une reconnaissance de dette. Oui, confiance Vs Dette.

Car ce que Grignon a appelé argent dette peut aussi bien, s’appeler argent confiance ou plus neutrement, argent conventionnel.

Quand bien même tous les banquiers éditeraient la lettre que notre ami Morpheus dit adresser à son banquier et le présenteraient à tous leurs clients, ça ne changera strictement rien au jeu actuel (c’est comme l’Eglise, on y croit, on y va, on y sacrifie des cierges, on s’y marie, on s’y enterre, alors elle existe)
J’ai même l’impression que les banquiers éditeraient et diffuseraient ce papier, le système fonctionnerait encore mieux.

Si l’on ne croit vraiment ni en Dieu ni en l’Eglise, on l’ignore, on ne lui adresse pas des courriers, on n’y met pas le feu, on n’en parle pas, on s’en tape.

Quand on ne croit pas en quelque chose, on la délaisse.
Demander aux banquiers des papiers marqués 50 euros ? C’est ça délaisser ? C’est ça ne pas croire en cette monnaie de singe ?

Ceux qui ne croient vraiment pas en la monnaie (ou qui sentent que la croyance générale dans la monnaie va en diminuant) sont ceux qui transforment cette monnaie, qu’elle soit simplement inscrite en ligne de crédit sur leur compte ou qu’elle soit sous forme de papier dans leur porte-feuille, en autre chose : en tableaux, en cuivre, en or, en oeuf de Fabergé, en actions, en potagers, en immeubles, en forêts, en lacs, en îles et en droits d’auteurs.

Depuis que la monnaie existe, les gens ont eu le réflexe de ne conserver sous forme liquide qu’une fraction de leur patrimoine. Cette fraction permettant justement des opérations d’échange liquides, faciles et rapides à réaliser. Que cette fraction vienne à s’éroder soit par ml’inflation soit par l’effondrement total de la confiance en cette monnaie, c’était la part du feu que chacun acceptait. Selon ce principe, seuls ceux qui ne possèdent pas de trésor sous forme plus concrète et plus diversifiée, se retrouvent très mal en cas de dévaluation du papier.
Pour les autres, la catastrophe est gérable.

Les milliardaires ont peu de liquidités. Ils convertissent en permanence leurs profits en toutes sortes de choses plus concrètes et indiscutables (une grosse opération immobilière est en cours place Vendôme, qui traduit ce principe) 

Aller à 20 000 aux DAB et retirer chacun 1000€ de misère, obliger les banques à préparer 20 millions d’Euros pour des gens qui semblent soudain vouloir coucher avec, les caresser jour et nuit, ce serait signifier aux banques qu’on en a marre de ces billets bidons ?



Cher Morpheus, je serais votre banquier, vu le ton très courtois de votre lettre, je le serais aussi.
Mais à peine seriez vous un peu plus agressif, que je vous répondrais ceci  »Cher monsieur Morpheus, étant donné vos propos, je vous propose de vous mettre interdit bancaire sur toute la Planète (ceux qui ne veulent plus se laisser avoir par le casino se font bien interdire de casino). Quant aux billets que vous possédez et que vous considérez nuls, je vous propose de ne pas les retirer au DAB et de me les laisser« .


Car, chers amis, arrive ici un des paramètres qui ont fait le gigantisme du système bancaire et dont Grignon ne dit mot : l’ubiquité.
 
Quand Obélix désire un poisson et que le poisonnier ne veut pas d’obélix, Obélix peut jouer de triangulation, passer par le forgeron qui toucxhera l’épicier qui atteindra le poisonnier qui délivrera alors le poisson à Obélix. La chaîne de confiance-crédit-dette-reconnaissance peut fonctionner car chacun connaît les autres et peut mesurer le crédit de chacun. Ajouter un peu de papier conventionnel dedans n’est qu’une facilité de plus ou un moyen de remplacer l’ardoise.
Par contre, quand Obélix part en Corse et qu’il veut acheter un saucisson, personne ne le connaît et il crèverait de faim s’il ne possédait pas une monnaie universelle sur lui.

Au-delà des caravaniers de la Route de la Soie, c’est lorsque congés payés, voiture, Trigano, Club Med, avion, charter, que chacun des Bidochons de France a voulu que le Pakistanais reconnaisse son crédit »M’enfin pourquoi ce macaque refuse mes francs contre son tapis de merde ?"
Là, c’est chaque consommateur qui a hurlé au désespoir de n’être pas crédible
 au-delà de son village. Là les banques ont dû accélérer le processus de réseau et d’interconnexion avec toutes les facilités fiduciaires que ça imposait. Elles ont convenu de ne pas faire réellement circuler les billets entre la banque de monsieur Bidochon et celle du marchand de tapis. Elles ont convenu de faire bouger les chiffres sur les ordinateurs. Et Bidochon le savait très bien que le crédit qu’il obtenait à mille lieues de chez lui s’obtenait sans aucun déplacement matériel de valeurs, par un seul jeu de confiance et d’écriture.

 Fiduciaire bon sang !

Et par dessus le marché, Bidochon exigeait que le système règle aussi le problème des changes. Bidochon s’en foutait des colliers de coquillage et des plumes comme monnaie, il ne connaissait que les francs et à la rigueur le collier de perles en plastique du Club. Aux banques de se démerder pour convertir les monnaies et contenter chacun aux antipodes. Les banques ont réglé tout ça, sans se faire chier à trimballer des caisses de biffetons. Bidochon en avait marre de rentrer tous les étés avec les poches pleines de ferraille pesetas qu’il allait forcément égarer dans quelque boîte à chaussure. Bidochon a rêvé de l’euro. Son patron aussi qui allait avoir moins de bordel de frais de change pour faire son import export.

Et pour faire bonne mesure, Bidochon, ouvrier ou patron, voulait de l’immédiateté. Il voulait être partout en même temps, et pour la même valeur, carrément. Bidochon détestait attendre 2 jours que ses valeurs aient été transférées. Non, Bidochon voulait une ubiquité parfaite de sa personne, de son crédit, de son prestige et de son patrimoine. En fait, Bidochon cherchait même à apparaître plus prestigieux à Bangkok où il la jouait prince qu’à Sarcelles où il la jouait vendeur de fours à pizzas.

American Express on t’a rêvée, on t’a adorée.
Diner’s Club, Visa, Eurocard Mastercard ....mes trop belles

Et aujourd’hui, Bidochon feint tomber des nues. Quoi ?? Tout ça c’était du vent, yavait pas de matérialité derrière tout ça ? Et ya des opérateurs du système bancaire qui ont profité de la virtualité absolue pour me facturer des frais de garde sur des gardes de chiffres ? Les salauds !!!

Plus faux-cul et victimaire que Bidochon tu meurs.






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