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Commentaire de loadmaster

sur Viktor Bout et les USA, ou Mickey dans Fantasia (22) : Viktor et la tentation du tantale


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loadmaster 4 décembre 2010 15:31

c’est un peu long mais cela reflete bien ce qui ce passe dans le ciel poubelle de ce pays à la dérive ...

Après le diamant, le cuivre, l’or et le coltan, c’est maintenant la ruée vers le ciel congolais
Trafic aérien

Après le diamant, le cuivre, l’or et le coltan, c’est maintenant la ruée vers le ciel congolais
Par St. Augustin Kinienzi

Le ciel congolais attire de plus en plus des compagnies étrangères qui se bousculent au portillon. Bonne nouvelle pour la RDC tant le pays devient fréquentable. Cependant, lorsque le secteur tant convoité s’appelle « transport aérien », l’esprit est sollicité. Raison : le Congo-Kinshasa est présenté comme l’un des pays les dangereux de la planète en matière de trafic aérien. Les compagnies aériennes nationales ont été backlistées par l’Union européenne. Et là où la question devient intéressante, c’est quand les dirigeants de Korongo, filiale de Brussels Airlines, se proposent d’exploiter le ciel congolais avec des certificats belges uniquement. Ce qui est contraire aux prescrits de la loi congolaise en la matière.

Dans leur mémo, ils notent par ailleurs vouloir se spécialiser dans le trafic des clients de la haute classe (diplomate, hommes d’affaires, ONG) et en même temps ils envisageraient d’appliquer des tarifs spéciaux pour le trafic des « ethniques ». Terme discourtois envers les Congolais parce qu’il n’est pas loin du contexte colonial, où le Noir est appelé indigène. C’en est trop pour les Noko qui ne veulent pas affranchir les rapports belgo-congolais du carcan colonial. Après une campagne de dénigrement des politiques belges envers les dirigeants congolais, ce sont maintenant les populations qu’on qualifie d’ethniques. Les Congolais sont avant tout des êtres dignes qu’on ne doit pas toujours présenter sous le prisme du mauvais nègre.

Pour comprendre toute cette problématique, nous avons approché le président des transporteurs aériens congolais, Stavros Papaioannou, président directeur général de Hewa Bora Airways. Interview.

Monsieur le président, de plus en plus des compagnies étrangères se bousculent en RDC, jusqu’à nous envoyer des experts de la DGAC pour nous assister. Entre-temps, on nous présente comme l’un des pays les plus dangereux de la planète en matière de trafic aérien. Comment réagissez-vous ?

Effectivement, il y a un paradoxe amusant. Tous ces pays qui nous dénigrent en nous alignant sur la liste noire européenne, la Belgique en premier, n’hésitent pas à user de leur poids, politique entre autres, pour s’installer chez nous et exploiter notre espace aérien. Et comme d’habitude, ils veulent prendre sans contrepartie.

Comment sans contrepartie ? Korongo, filiale belge de Brussels Airlines, se propose par exemple de créer une compagnie non blacklistée, de qualité supérieure ?

Comme tout le monde, nous avons suivi par voie de presse, les déclarations farfelues des CEO (Chief executive officer’s) de cette compagnie, par lesquelles ils ont confirmé vouloir exploiter en RDC avec des certificats belges uniquement la compagnie Korongo. Cette formule hors-la-loi issue de leur imaginaire colonial, ne pourra aboutir dans les conditions décrites. Car cela est une provocation, une insulte. La loi congolaise est pourtant claire : aucune compagnie aérienne, autre que congolaise, ne peut détenir un certificat permettant l’exploitation commerciale de notre espace aérien. Or, ce certificat est délivré par la RDC et contrôlé exclusivement par son Autorité. La preuve est que dans le plus grand secret, ils ont déposé officiellement la demande d’une licence d’exploitation « congolaise », étape obligée avant de faire une nouvelle demande pour l’obtention du Certificat de Transporteur Aérien. Voilà la vérité, car tout le reste n’est que balivernes, spéculations, rêves et même arnaques. Nous les connaissons bien, puisque nous avions mis sur pied un projet similaire avec eux sous le nom d’AirDC. Ce sont des racistes, il suffit de lire leur dernier mémo adressé à notre ministre des Transports où ils disent qu’ils vont « éventuellement faire des prix spéciaux pour le trafic des ethniques .Par « ethniques », il faut comprendre des Congolais. Pendant la colonisation, les Congolais étaient des indigènes, maintenant ils deviennent des « ethniques ». C’est vrai qu’il y a eu quelques changements, à savoir que tous postholders et crews sont belges. Cela était l’autre pomme de discorde dans AirDC. Les Congolais sont inexistants ou presque, ils seront réduits à des rôles de façade.

Mais ils avaient promu d’amener de nouveaux appareils ?

Ne vous faites pas d’illusion, apparemment l’avion prévu pour la RDC est l’ancien B 737 de Virgin Express, considéré en Europe comme vétuste. Ce sont des illusionnistes. Cet avion devait aller à la casse. A ce sujet et si vous le désirez, j’ai des photos de leur cockpit à vous présenter, avec des fauteuils déchirés .

Croyez-vous que G. Forrest va les laisser faire ? Serait-il naïf à ce point ?

Vous avez raison, c’est un homme d’affaires avisé. C’est à lui de peser le pour et le contre. Je n’ai pas à m’y immiscer dans leurs relations d’affaires.. Il y a d’autres paramètres qui ne nous regardent pas. Tout ce que je peux confirmer, c’est que pour le 30 juin, nous voulons voir inscrire sur la liste noire européenne, le nom de Korongo et de Congo Express. A ce que je sache, il n’y a aucune raison particulière pour que l’Union européenne leur fasse des faveurs, puisqu’ils opèrent avec les mêmes certificats que toutes les autres compagnies congolaises.

Mais eux viennent avec des pilotes belges ?

Et alors ! Est-ce un critère de qualité ? Si tel est le cas, il faut aussi remplacer tous nos ministres par des Belges, car le fait d’être belge est un must ! Vous me faites rire. Pourtant vous pouvez le vérifier aussi, personne ne se les dispute dans le monde, à part ici ! Ce sont des gens comme tout le monde, comme vous et moi, sans plus. Ils ont le droit au respect comme nous aurions dû l’avoir aussi chez eux. Ce langage est révolu depuis plus de 50 ans, relisez le discours mémorable de Lumumba, il avait tout dit, et c’est toujours d’actualité.

Dans le rapport parlementaire belge, on lit à ce sujet qu’Etienne d’Avignon, actionnaire majoritaire de Brussels Airlines, a été un acteur important dans l’affaire Lumumba, et aujourd’hui c’est le Palu qui favorise un des conspirateurs dans l’assassinat de notre héros national. Qu’en dites-vous ?

Je vous demande de rester dans le domaine aérien, car je ne suis pas un politicien, je suis un Congolais qui aime son pays, et je ne maîtrise pas l’hypocrisie. Posez la même question à leur Souverain lorsqu’il sera ici ou au Palu.

Quand la RDC pourra-t-elle sortir de la liste noire européenne ?

Cela dépendra de l’importance qu’accordera le gouvernement à cette question. En effet, pour sortir de cette liste noire, il faut un régulateur performant. Et pour cela, il faut lui donner des moyens, et une loi de base conforme aux exigences de l’OACI. Lorsque nous suivons certains acteurs politiques s’acharner sur les compagnies congolaises en pointant leur tarif, je dis qu’ils n’ont rien compris. Lorsqu’ils étaient au pouvoir, qu’ont-ils fait pour doter de l’AAC, le BEA, la Mettelsat, etc., de moyens suffisants pour remplir leurs obligations ? Rien ou presque. Le secret est simple : plus les moyens seront élevés, plus vite nous sortirons de la liste noire. Nous n’avons pas besoin d’assistance morale ou des promesses chimériques et ridicules venant du Nord, mais plutôt de l’argent. Il faut aujourd’hui 15 millions USD, pour avoir des résultats concrets et rapides.

Mais cela est-il une priorité pour la RDC quand sait qu’il y a d’autres domaines qui attendent un coup de pouce. C’est le cas de la santé et l’éducation ?

C’est vrai qu’il existe des domaines tout aussi critiques. Mais le gouvernement ne compte pas seulement deux ministères. Et pourtant, chaque ministère est important. Ne trouvez-vous pas que votre vie est suffisamment précieuse pour que tous les moyens soient mis en œuvre pour lui assurer un maximum de sécurité lorsque vous voyagez en avion ? Le secteur aérien est aujourd’hui en crise, puisque placé sur une liste noire. La mise sur pied d’un comité de crise pour corriger toutes les déficiences constatées par l’OACI et qui font le bonheur du plat pays peut être aussi une solution complémentaire.

Et Hewa Bora dans tout cela ? A quand la reprise de ses vols sur Bruxelles et Paris ?

Nous ne sommes pas pressés. Notre temps viendra lorsque les ministres auront compris que tout ce qui intéresse les Européens, c’est exploiter la RDC à sens unique. Ce jour viendra et tout changera. Suivez les médias, deux jours sans vol, et ils pleurent à chaudes larmes pour réclamer l’aide de leurs gouvernements. Nous avons vécu pire que cela et nous en sommes sortis renforcés sans l’aide du gouvernement.

Combien de MD82 disposez HBA ?

Nous disposons de 3 sur un total de 6 avions

Il est connu que ces avions sont confortables et très silencieux. Quelles lignes comptez-vous exploiter avec ces acquisitions ?

Le développement régional est notre priorité. Nous allons baser 2 MD à Lubumbashi, 2 autres à Goma et 2 autres encore à Kinshasa. Dans ces conditions, nous allons reprendre les mêmes horaires de Shabair et reprendre certaines dessertes oubliées comme Kindu, Isiro, Kalemie, etc.

N’avez-vous pas peur d’être boycotté par les Européens qui n’ont pas intérêt à voir une compagnie nationale prendre autant d’importance ?

Quelle obsession ! L’important pour nous est de respecter scrupuleusement les lois et normes de l’aviation. Avec les moyens à notre disposition, nous prouverons que le Congolais est extraordinaire et très compétent. Notre objectif est d’améliorer sans cesse la sécurité et la sûreté de nos avions. D’ailleurs, vous n’avez qu’à comparer la qualité de nos services avec la compagnie étrangère qui effectue concurremment les mêmes vols que nous. Nos vols sont ponctuels, les pilotes super entraînés, les opérations très actives, une maintenance extrêmement rigoureuse, bref de quoi faire pâlir les oncles. Nous sommes fiers de nos services que nous avons invité l’Union européenne à nous auditer, au lieu de nous vilipender !

Quelle a donc été la réaction de l’Union européenne à votre demande ?

Elle a esquivé intelligemment cette invitation en responsabilisant notre Autorité. Pour l’UE, Hewa Bora Airways n’est pas en cause. C’est plutôt son Autorité de l’aviation civile qui est déficiente. Je vous autorise à la publier, elle n’est pas confidentielle. Par ce raccourci magique, les compagnies européennes vont constituer à se servir dans cet Eldorado congolais. J’ai d’ailleurs de sérieux doutes sur l’objectif réel de l’UE, à tel point que nous intenté un procès contre Safety Comitte pour mettre en exergue leurs turpitudes. Mais, nous constatons que l’UE applique le règlement à la tête du client, ce que nous dénonçons du reste. Même si nous ne faisons pas trop d’illusions sur l’issue du procès, car les loups ne se mangent pas entre eux, dit-on. Nous avons raison, nous le savons très bien. Malheureusement, c’est souvent la loi du plus fort qui a droit de cité dans ce monde. Et cela nous le vivons depuis le génocide congolais de 1885 à 1908 – 4,5 millions de morts pour certains, 9 millions pour d’autres-, au contentieux belgo congolais, jamais reconnu non plus, et qui a coûté très cher à tous les audacieux qui ont osé revendiquer ce droit du Congo. Quel est votre mot de la fin ?

Pole pole ndjo muendo (entendez : rien ne sert à courir).

PROPOS RECUEILLIS par St Augustin K.

http://lepotentiel.com/afficher_supp...d_edition=4968

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