Oui, merci verdan ; quand j’ai dit « au moins les musiciens en font-ils quelque chose de créatif », il fallait évidemment l’étendre aux artistes en général ; musique, poésie, littérature, peinture...
Je pense qu’une certaine forme de « génie » (je sais, difficile à définir) implique un sentiment « d’étrangeté » au monde, qui explique le recours à des expériences ... assez extrêmes...
Les Stones ont réalisé ce qui est, pour moi, leur meilleur album : « Exile on main street », à une époque où toutes sortes de poudres circulaient sans réserve, dans leur villa de Saint Jean Cap Ferrat...
Non pas que la drogue (sous toute ses formes) soit un élément nécessaire à la création, elle entraine nécessairement des souffrances ; mais qu’elle est le corollaire de ce sentiment de recherche profonde d’une vérité, de réalités pas accessibles au commun des mortels.
Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant.
Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n’en garder que les quintessences.
Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, - et le suprême Savant ! - Car il arrive à l’inconnu ! Puisqu’il a cultivé son âme, déjà riche, plus qu’aucun ! Il arrive à l’inconnu, et quand, affolé, il finirait par perdre l’intelligence de ses visions, il les a vues ! Qu’il crève dans son bondissement par les choses inouïes et innommables : viendront d’autres horribles travailleurs ; ils commenceront par les horizons où l’autre s’est affaissé !