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Commentaire de Catherine Coste

sur Réponse à la tribune libre de « Demain, la Greffe » parue dans « Le Monde » du samedi 3 décembre 2010


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Catherine Coste Catherine Coste 11 décembre 2010 12:02
Cher Monsieur Tesnière,

Merci beaucoup pour cet article très instructif et très documenté. Si j’ai bien compris, l’intérêt des labos pharmaceutiques est de vendre le plus possible de médicaments immunosuppresseurs, que les patients greffés doivent prendre à vie. Des alternatives à la greffe cardiaque, tête de gondole dans le supermarché du Don (voir l’intéressante formule du sociologue Philippe Steiner, Gallimard, mars 2010 : « le marketing social du don »), comme la microturbine pour assister un coeur défaillant, ou le coeur artificiel de chez Carmat (société issue de la collaboration du Pr Carpentier, chirurgien cardiaque, hôpital européen Georges Pompidou, Paris, et de la société Matra, et cotée en bourse depuis l’été 2010), font concurrence à ces labos pharmaceutiques qui vendent des médicaments immunosuppresseurs. Novartis préfère donc financer France Adot pour faire la promotion du Don, Carmat étant un concurrent de Novartis. Si Carmat réussit, plus besoin d’immunosuppresseurs...
La transplantation d’organes change de nature : elle s’appuie toujours sur la solidarité, mais c’est devenu un business. On assiste à un changement de la médecine de remplacement, ce changement qualitatif est induit par la quantité. Industrialiser le don d’organes, c’est industrialiser le Don, qui est … un sacrifice. Rappelons que la mort encéphalique, qui permet le prélèvement d’organes dit ’post-mortem’, est un état de coma dépassé, qui ne correspond pas strictement à la mort.
Je souhaite à l’entreprise Carmat tout le succès qu’elle mérite …
En tant qu’auteure du blog Ethique et transplantation d’organes, je suis arrivée à la conclusion que la « règle du donneur mort » est hypocrite et qu’il serait plus éthique d’envisager le prélèvement d’organes dit « post-mortem » dans un contexte qui correspond aux réalités de l’affaire : le contexte d’une fin de vie. C’est fait aux USA mais pas en France, par crainte des dérives – ou plutôt, de dérives pires que celles qui ont déjà (eu) lieu en France. La preuve de ces dérives étant justement votre article si documenté …

Vous ne parlez pas du trafic d’organes, mondial. Mais comment aborder tous les aspects des transplantations, affaire complexe à l’excès, dans un seul article ? On nous répète qu’à « pousser sur le Don », on évitera le trafic. Je crois qu’on atteint là des sommets de Bien-pensanterie ... A mon sens, la transplantation est victime de son succès (syndrome du pompier pyromane ?), ce qui a pour conséquence une flambée planétaire des deux phénomènes : pénurie ET trafic mondial. Voir ce qu’il se passe (et s’est passé) en Chine, en Inde, en Egypte, en Europe, etc, etc., malgré des efforts parfois importants de la part du gouvernement, comme en Chine, pour enrayer un trafic d’organes important. Mais la demande est là ...

Enfin (last but not least), je voulais vous dire toute mon admiration, pour votre travail de documentation, votre pédagogie, votre vigilance permanente. Dans ce travail de réflexion bioéthique, votre vécu et les réflexions qui en découlent sont (hélas) irremplaçables ...
Très cordiales salutations.
Catherine Coste
http://ethictransplantation.blogspot.com/

PS : je prépare depuis 2009 une trilogie pour un grand éditeur français (mon but est néanmoins le marché anglo-saxon). Si vous voulez prendre connaissance de ce projet validé par quelques grands chirurgiens, n’hésitez pas à m’écrire. La littérature n’est-elle pas votre domaine ?

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