Je ne sais plus quel chef politicien chinois a dit, en souriant, à propos des occidentaux : « Ils nous vendrons même la corde pour les pendre ! » Il avait tort et raison. Tort, car les vendeurs auront quitté le navire ; et raison, car ce seront les petites gens qui seront au bout de la corde. Ils le sont déjà, et dupes souvent des politiciens sensés représenter leurs intérêts, et qui en fait, ne s’occupent que des avantages d’une classe financière et bourgeoise qui n’a plus de patrie.
BCE, FMI, voilà les fers de lance des intérêts d’un capitalisme débridé, seulement attentif aux intérêts de son oligarchie. Demain, la fin du monde. ils s’en foutent. Ces gens là comptent trouver une autre planète quant la notre ne sera plus recyclable. Obama, Bernard Kouchner, François Pinault, Berlusconni, Catherine Deneuve, tutti quanti, gens adulés du journalisme, du show business et de la politique. Voilà les gens qui seront demain dans la belle fusée, sensée représenter la quintessence de l’élite humaine. Ces gens là ont des connivences évidentes, parlent la même langue, l’anglais, demain le chinois, se filent les bons tuyaux, passent leurs vacances ensemble. Ils s’en foutent bien que la France ou l’’Espagne coule, car eux vivent le meilleur de la mondialisation, jouant au jeu des chaises musicales, de pays, en pays, selon les opportunités des bourses et des climats. Les études des enfants à Yale, l’argent aux iles Caïmans...Voilà longtemps qu’ils ne représentent plus aucun pays, sauf à la façon des acteurs, à Hollywood, au moment des oscars, et qu’on joue les hymnes nationaux (pareil pour le foot !).
Alors on agite cette mièvrerie des petits drapeaux tricolores, comme on le faisait jadis quand passaient les coureurs du tour de France. Au moins eux, même s’ils se dopent, ont renoncé à cette hypocrisie, et ne portent plus que des maillots publicitaires. (Imaginez Sarko avec une casquette Pinault, un maillot Bouygues Telecom, ou peut-être bien US Postal, ce serait bien plus vrai que son costard cravate ).
Voilà la farce et la tragédie. Les sauveurs annoncés ne sont que des liquidateurs d’entreprise qui n’auront de cesse que d’envoyer les machines au bout du monde, là où la main d’œuvre est la moins chère. La révolte éclatera bien un jour. Ils le savent. Le principal pour eux est de la retarder, pour rendre les choses inéluctables. Il leur faut continuer à abattre les protections, les frontières, les défenses ultimes. Faut-il continuer d’accepter de se faire déshabiller ainsi ?
Alors bien sûr cette tribune est salutaire, comme toute information et échange mettant en cause cette mondialisation monstrueuse, où tant de gens des médias travaillent à mettre un couvercle sur la marmite. il leur faut convaincre que les voix divergentes viennent d’une minorité rétrograde et stupide, limite front national ou bas du front. Tout ne serait la cause que de notre manque d’adaptabilité, du monstrueux salaire des smicards refusant de se mettre en compétitions les uns avec les autres, comme notre belle télé leur apprend à le faire, à l’heure des reality shows. Leurs analyses des indices boursiers sont comme les incantations des prêtres sur une mer démontée. Mais ils sont si rassurants qu’on voudrait bien continuer à les croire, et croire que l’économie est une science exacte. Alors qu’ils ne font que mesurer la profondeur de leur porte monnaie, ils font semblant de sonder la mer, se moquant de la réalité des récifs. Bon j’arrête là les métaphores, je crois que je deviens un peu pompeux, mais je me laisse aller à ma colère. Parfois j’ai tendance à croire que je fais un mauvais rêve, et que je vais me réveiller, quelque part au début des années 70, avec ce scénario dans la tête, un cauchemar pire que ceux des bouquins de science fiction que je lisais à l’époque.