Précision historique nécessaire (pour les USA) :
Le droit de porter les armes repose moins sur la nécessité de se défendre contre son prochain que sur le souci de limiter la tyrannie du gouvernement en lui retirant le monopole de la force. C’est le souci tout jeffersonien du contre-pouvoir. Et c’est dans ce sens qu’il faut comprendre la phraséologie du fameux amendement qui parle de « milice ».
Historiquement, c’est la guerre de Sécession qui donne le coup d’envoi à la prolifération exponentielle des armes. L’invention de Sam Colt n’a pas connu de grand succès avant, et les Américains n’étaient guère plus armés que les Européens de la même période.
Sur le plan philosophique, on a développé au fil de l’expérience américaine l’idée que les immigrés parvenus au Nouveau Monde se forgeaient une nouvelle vigueur en affrontant la violence de la nature et des peuplades sauvages. C’est la « strenuous life » vantée par Théodore Roosevelt. Ce que l’historien des cultures Richard Slotkin appelle la « régénération par la violence ». En somme, un retour conscient par le Moyen Age européen. D’où l’idée qu’in fine, même si ce n’est pas le but recherché, il arrive un moment où il faut recourir à la violence pour faire triompher la bonne cause.