On peut parfaitement s’opposer au nationalisme et aux dérives d’ ETA sans pour autant accepter la situation nouvelle crée par le cas « Aurore Martin » qui dépasse largement les limites de la question basque.
C’est un basculement très important :
désormais, non seulement on peut extrader un(e) ressortissant(e)
français à qui rien ne peut être reproché sur le territoire français
mais on peut le faire même si ce qui lui est reproché dans un autre pays
européen n’est pas répréhensible au regard des lois françaises, même
s’il y a risque d’une peine très lourde (12 ans) devant une juridiction
d’exception
Les autorités espagnoles lui reprochent sa participation
à des conférences de presse, un article paru dans le quotidien basque
Gara et d’avoir été un temps salariée du Parti communiste des Terres
basques. Parti depuis mis aussi hors-la-loi ; ce qui n’était pas le cas
dans la période où Aurore Martin en était la salariée.
La LDH, FIDH et AEDH ont fortement protesté et dénoncent ce qu’elles considèrent comme « une entente entre Etats pour museler des opposants politiques ».
http://www.ldh-france.org/Aurore-Martin-ne-doit-pas-etre
Le conseiller général PS de Saint-Jean-Pied-de-Port François
Maitia : : « Aurore Martin
n’est pas une terroriste, elle n’est pas dans la logique des actions
armées d’ETA ! Les faits retenus contre elle se sont produits durant la
dernière trêve d’ETA (2006-2007), période d’espoir dont José Luis
Zapatero fut l’un des acteurs aux parlements espagnol et européen, en
laquelle moi-même et d’autres élus d’Iparralde avons cru. Cette
extradition serait très choquante. »
Pour Didier Borotra,
sénateur-maire centriste de Biarritz, « la France n’a pas à extrader une
de ses concitoyennes pour un motif compréhensible en Espagne, mais qui
n’est pas répréhensible en France ».
Premier élu UMP à le faire, Max Brisson, élu de Biarritz-Ouest et Président de l’Office Public de la Langue Basque (OPLB), a déclaré « ne pas accepter l’extradition pour ses convictions politiques et son appartenance à un parti qui n’est pas interdit en France ».
« Au Pays Basque, l’émotion est grande », observe Max Brisson, pour qui "la
France doit protéger tous ses concitoyens, même ceux qui développent
des idées radicales, pour peu qu’ils les expriment dans le cadre de
l’état de droit".
L’ont rejoint dans cet esprit le Président UMP du Conseil Général, Jean Castaing, le socialiste Christophe Martin et 175 élus dont le député (Modem) Jean Lassalle des Pyrénées-Atlantiques.
Il est temps d’ouvrir les yeux !
PS : Haiti a réclamé à de nombreuses reprises l’extradition d’un certain Jean-Claude Duvallier ... il se porte bien, merci
(la France accorda le refuge, en 1986, au dictateur Jean Claude Duvalier,
chassé par son peuple après une dictature sanglante inaugurée par son
père François et qui dura presque trente ans .
Duvalier fils s’exila avec une fortune évaluée à 900 millions de
dollars extraite des caisses de l’Etat haïtien, soit une somme alors
supérieure à la dette externe du pays. Malgré les demandes répétées, il
ne fut jamais livré à la justice de son pays. La famille Duvalier avait
pourtant détourné à son profit 80 % de l’aide économique versée à Haïti,
mais constituait en ce temps une précieuse alliée pour ses amis
Occidentaux dans la lutte contre le « péril communiste ».
http://www.monde-diplomatique.fr/2010/02/FERNANDEZ/18841