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Commentaire de armand

sur L'image de Nathalie Kosciusco-Morizet


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armand armand 22 décembre 2010 11:56

J’aime bien cette analyse qui emprunte à l’iconographie et à la mythocritique.
Mais j’ai peur que l’assimilation de la blanche Nathalie (à ne pas confondre avec la blanche Ophélie) ne soit que façade, « attitude ». On lui fait prendre la pose, en valorisant sa pâleur toute aristocratique, aux accents celto-slaves comme quelque déesse païenne des bois, Mélusine de l’Ultima Thulè, déesse-mère, aussi, puisqu’on met en scène sa grossesse. Je ne nie pas non plus que le titre, assimilant bébé et politique ne soit pas une assimilation entre son rôle de mère et ses aptitudes à veiller sur cet immense enfant collectif qu’est la France.
Qu’on lui fasse prendre des attitudes à la Loreena McKennitt, inspirée de l’esthétique préraphaëlite, pourquoi pas ?

Mais l’une et l’autre (la chanteuse et la politique) ne sont pas la Lady of Shallott... car la signification de ce personnage-clé dans la Matière de Bretagne est tout autre, et infiniment tragique.

Pour résumer, la Lady of Shallott (chantée dans sa version tennysonienne par Loreena) s’appelle, en français, la Demoiselle d’Escalot.
C’est une toute jeune fille, de petite noblesse, qui tombe amoureuse du chevalier Lancelot, spécialiste des amours non sollicités, lequel accepte imprudemment de porter les couleurs de la jeune fille au cours d’un tournoi.
C’est Gauvain, grand dragueur devant l’éternel, qui révèle à la demoiselle la véritable identité de ce beau chevalier, dont elle a soigné les blessures, et son amour ne fait que croître.
Cependant, quand elle lui déclare son amour, Lancelot la repousse, rappelant qu’il est lié par serment à la reine Guenièvre.
Alors la jeune fille se laisse mourir, et donne des instructions pour qu’on la dépose, vêtue de ses plus beaux atours, au fond d’une barque, une lettre à la main incriminant Lancelot, et que l’on fasse dériver cette barque jusque sous les remparts de Camaalot afin que tous la voient et blâment le responsable.
D’où cette association aquatique avec la plus célèbre noyée de la littérature, Ophélie.

Mais le rôle de la Demoiselle d’Escalot est essentielle - elle marque la dernière chance offerte à Lancelot de rompre avec cette adultère qui finira par détruire l’unité de la Table Ronde et entraîner, in fine, la chute du roi Arthur.
Aussi, selon les lectures, cette Lady of Shallott peut être vue comme un avatar de plus de la belle noyée (dans une lignée qui va des ondines jusqu’aux belles noyées de Hollywood, comme Pandora dans le film de Lewin). Ou bien comme la dernière chance d’un amour possible, au grand jour, unissant deux êtres, au lieu de s’entêter dans l’adoration toute cathare de la Dame inaccessible, au risque de détruire le monde d’ici-bas.

Sur un ton plus léger, j’ai déjà au l’occasion de présenter la Demoiselle d’Escalot comme la « sainte patronne de celles qui, à tort ou à raison, s’estiment victimes d’un ménage à trois. »
J’espère de tout coeur que notre belle Nathalie n’est pas dans ce cas !!!


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