• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Eddy KHALDI

sur « Enseignement catholique : du discours de la presse officielle à la face cachée des chiffres »


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Eddy KHALDI Eddy KHALDI 29 décembre 2010 19:39

La rigueur pour le Public, les faveurs pour le privé

Tandis que le ministère de l’Éducation nationale compte faire des économies en 2011, en supprimant 16 000 postes, le sénateur UMP de Haute-Savoie, Jean-Claude Carle, a trouvé un moyen de faire un beau cadeau à l’enseignement privé sous contrat catholique. Le 17 décembre dernier, lors du vote du budget de la mission enseignement scolaire, il est parvenu à faire adopter un amendement assurant l’ouverture de 250 nouveaux postes pour l’année à venir, correspondant à 4 millions d’euros.
Philippe Meirieu a raison d’affirmer : « La guerre scolaire n’est pas de l’histoire ancienne, elle se déroule, aujourd’hui, sous nos yeux. ». Elle est larvée. La loi Carle de septembre 2008- encore lui- (obligeant les communes à financer la scolarité de leurs résidents dans une école privée hors commune) à peine votée, le 28 septembre, le secrétaire général de l’enseignement catholique Éric Mirieu de Labarre, annonçait la poursuite de l’offensive en estimant que cette nouvelle concession était « un bon compromis politique à l’instant T ».
Le contrat est passé avec chaque école privée, seule entité juridique reconnue. Michel Debré présentait, le 31 décembre 1959, sa loi comme rempart à une concurrence libérale qui serait préjudiciable au service public si, justement, on devait négocier avec l’enseignement catholique représentant l’Eglise : « … il n’est pas concevable, pour l’avenir de la nation, qu’à côté de l’édifice public de l’éducation nationale, l’Etat participe à l’élaboration d’un autre édifice qui lui serait en quelque sorte concurrent et qui marquerait, pour faire face à une responsabilité fondamentale, la division absolue de l’enseignement en France. ». Cette crainte est vite devenue réalité.
Dans les établissements privés, que l’enseignement catholique s’arroge le droit de représenter, les élèves, les familles, les enseignants et l’encadrement sont très majoritairement éloignés de la religion. A peine 8% des familles se reconnaissent dans le « caractère propre » catholique. Soit moins de 2% de la population scolaire totale.
Dans trois pays très marqués par le catholicisme la totalité du financement est assuré par les seules familles et l’Eglise : la Pologne, l’Italie et le Portugal. L’enseignement privé représente respectivement, 0,90%, 3.80% et 3.70%. Et plus de 17% en France. En matière d’éducation, la plupart des pays européens appliquent de fait le principe « A école publique, fonds publics. A école privée, fonds privés ». La France, pays laïque, est loin du compte avec un enseignement catholique surreprésenté parce que financé. De fait le « clérical » sert de paravent au « libéral ».
C’est la conclusion, en 2007 de l’évêque d’Angoulême : « …L’Église occupe ce terrain, sinon au risque de se laisser instrumentaliser au service d’une logique de privatisation en mettant à la disposition des privilégiés des systèmes privés de soin, d’éducation, etc., dont l’inspiration catholique n’est plus qu’une source d’inspiration lointaine … »


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès