La version que vous appelez dure de la laïcité n’est que le pendant du penchant théocratique du catholicisme à diriger la société et la politique, au nom de la supériorité supposée du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel. L’église a été longtemps opposée à la séparation de l’église et de l’état, au point qu’il a fallu la lui imposer.
Mais cette séparation n’est elle-même compréhensible que dans la mesure où la religion à été l’objet d’une démystification quant à ses effets de violence (guerre de religion) et son refus de la pensée critique et scientifique rationnelle (philosophie des lumières) vis-à-vis de sa prétendue vérité révélée de foi. Pensée critique qui a, en France, permis de légitimer l’athéisme philosophique, à ne pas confondre avec l’athéisme d’état.
De fait la laïcité politique n’est pas athée : elle ne fait qu’affirmer l’agnosticisme de l’état qui implique
1) de ne reconnaître aucune religion et donc de refuser de faire sienne quelque tradition religieuse que ce soit dans une société pluraliste où l’athéisme à droit d’expression publique, au même titre que les religions
2) de respecter et de faire respecter la liberté religieuse de culte et d’expression de la pensée en général, y compris athée et anti-religieuse (refus du délit de blasphème)
En cela il est absurde de réclamer que l’état se revendique chrétien ou musulman ou juif ou athée .La laïcité est un principe constitutionnel fondateur de la démocratie pluraliste et libérale : elle n’a pas à être soumise à un vote majoritaire, sauf à établir une tyrannie majoritaire de tel courant de pensée sur tels autres.