Riposte laïque applaudit aujourd’hui l’amalgame fait par Marine Le Pen, vendredi 10 décembre à Lyon, entre l’Occupation et les « prières de rues » des musulmans et, comme elle, appelle à la reconquête des « territoires perdus » de la République, qui seraient soumis aux lois religieuses. « Nous affirmons, écrit Riposte laïque au lendemain de la sortie de Marine Le Pen, que l’islam n’est pas une religion, mais un projet politico-religieux totalitaire. Il faut aujourd’hui être aveugle, sot ou complice pour ne pas voir, dans le quotidien, cet esprit de conquête en France et dans nombre de pays européens ». Et de citer, outre les prières de rues, le port du voile qui s’étend, les revendications croissantes en matière de cantines hallal et de construction de mosquées.
Pierre Cassen, rédacteur en chef de Riposte laïque, se présente comme étant « de gauche laïque et républicaine ». Il reproche à son camp de gauche de « sous-estimer, au nom d’un certain relativisme, d’une mauvaise conscience, voire d’une culpabilité post-coloniale, l’offensive islamisante, principal danger pour nos valeurs et notre civilisation ». Selon cet ancien trotskiste, à force d’accommodements « prétendument raisonnables », les musulmans les plus militants exigeraient aujourdhui de la République qu’elle s’adapte à leurs dogmes.
De tels arguments, caricaturaux et honteux, n’hésitent plus à se dire dans le débat public français. L’islam est devenu le prétexte le plus commode pour exprimer, de façon fédératrice, des frustrations sociales, des décalages culturels, des craintes ordinaires : « Chez les féministes, ce sera le recul de la condition de la femme évident dans l’islam ; chez les enseignants, la perte des acquis de l’école publique ; chez les laïcs, une remise en cause de la laïcité », cite Vincent Geisser, chercheur au CNRS et auteur, en 2003, d’un ouvrage intitulé La nouvelle islamophobie (Ed. La Découverte). La France est en train de passer d’un racisme ordinaire, antimaghrébin, antiarabe, à une hostilité, voire une haine contre l’islam. C’est un phénomène nouveau qui aurait pour conséquences, au fil des années, les profanations de tombes musulmanes ou de mosquées, les agressions contre des femmes voilées.
signé Henri Tincq.