@ Christian Navis
Vous dites : "Pecora, nous ne devons pas parler du même !!!
John Maynard Keynes, conseiller de Churchill, inspirateur du new deal de
Roosevelt et donné comme un des « pères » de Bretton Woods, et
surtout inventeur de « l’état providence » dont se recommandaient
les gaullistes et Rocard pour justifier l’intervention de l’état à la fois
comme régulateur et comme acteur économique."
Keynes ne peut avoir inspiré le New Deal de Roosevelt puisque pour son New
Deal, pour sa Tenessee Valey Authority notamment, Roosevelt s’est inspiré
d’Alexander Hamilton.
Par ailleurs, ce qui, en France, permis les Trente Glorieuses, ce fut tout sauf
du Keynes : 1) instauration de la proposition faite par le Conseil National de
la Résistance de reprendre l’idée du Glass-Steagall - séparation des activités
bancaires - de Roosevelt (loi 45-15 du 2 décembre 1945). 2) Sur le modèle de ce
que fit Roosevelt, lui-même à nouveau s’inspirant d’Alexander Hamilton :
émission de crédit productif public. Enfin, 3) la conférence de Bretton Woods a
donné lieu à l’instauration de parités fixes entre monnaies de nations
souveraines, permettant à des Etats souverains économiquement de s’entendre,
sur des principes westphaliens, sur de grands travaux à long-terme pour équiper
l’homme et la nature.
Cela est aux antipodes de la proposition que fit Keynes à Bretton Woods (et qui
ne fit pas le poids face à la délégation menée par Harry Dexter White),
d’instaurer une monnaie mondiale, le Bancor.
Vous dites : "Le fond de la pensée de Keynes étant que, bien que
partisan du capitalisme (le moins mauvais système comme la démocratie) il
considère que les marchés ne peuvent pas s’équilibrer naturellement du fait de
la cupidité et de l’égoïsme des acteurs, et qu’il faut donc l’intervention des
pouvoirs publics pour éviter les dérives et permettre une répartition plus
juste des richesses."
La proposition de Keynes pour Bretton Woods était en effet totalement opposée à
celle des américains. John Maynard Keynes proposait d’instaurer une autorité
financière globale, appelée l’International Clearing or Currency Union (ICU)
qui émettrait une monnaie globale, le Bancor, plus tard connue sous le nom de
Unitas, à l’aune de laquelle tout le commerce international serait mesuré. La
clé de voûte de sa proposition était que les nations devaient atteindre un
équilibre du commerce. Les nations créancières s’efforceraient, avec une marge
d’un petit pourcentage, de ne pas exporter plus qu’elles n’importeraient, et
les nations débitrices s’efforceraient de ne pas importer plus que ce qu’elles
exporteraient. Une taxe serait due en cas de déséquilibre ou de déficit
commercial de la part du créancier ou du débiteur sur le compte à découvert,
payé directement à l’ICU. En fait, ce que Keynes proposait était une banque
centrale mondiale géante.
Toutefois, si un tel système était mis en place, cela
signifierait que le financement de projets d’infrastructures créant de la
valeur afin de construire le développement des nations, serait réduit au
minimum – tout développement économique ou importations auprès de nations
créancières par des nations débitrices asserviraient la nation débitrice à
l’ICU, la forçant à payer une amende. Ainsi, bien que le système de Keynes, qui
était sensé, à la base, encourager les nations créancières à convertir leur
surplus de monnaie issu de montages d’exportations en bancors et les investir
dans les nations débitrices, il ne permettait qu’un développement et une
innovation a minima, et en aucun cas n’autorisait à réaliser la reconstruction
à grande échelle que Roosevelt voulait mettre en oeuvre.
En 1943, Keynes avait dit à White que le Royaume-Uni n’en
viendrait jamais au standard dollar, et rejetait l’idée qu’on donne au dollar
un quelconque statut spécial. A chaque fois que le sujet était évoqué, il
refusait catégoriquement d’en discuter. Il le dénonça lorsqu’il fut évoqué lors
d’une conférence des Nations-Unies à Atlantic City, et fit entendre à la presse
que le plan ne serait même pas pris en considération. Et bien sûr, la Déclaration
de Principe, telle qu’elle fut soumise à la Conférence de Bretton Woods,
disposait clairement : « La valeur nominale de la monnaie d’un
membre… devra être exprimé en termes d’or. »
Mais la proposition de Keynes ne fit pas le poids contre celle de la délégation
de Roosevelt sous la houlette de White.
Vous dites : « Mais évidemment, si vous êtes crypto communiste comme je le soupçonne, pour vous c’est un facho ! »
Peut-être avez-vous lu trop vite mon précédent commentaire. Je cite Keynes, dans sa préface de 1936 : "Néanmoins, la théorie de la production conçue comme un tout, qui est ce que ce livre cherche à développer, convient beaucoup mieux aux conditions d’un Etat totalitaire que la théorie de la production et de la distribution de richesses produites dans les conditions de la concurrence libre et d’une large dose de laissez-faire".
Un « Lord » britannique qui publie dans l’Allemagne de 1936 (Allemagne nazie, donc) une Théorie monétariste qui convient à un Etat totalitaire… on ne peut faire plus explicite !
Certes, comme vous le soulignez à juste titre, pour Keynes« […]
il faut donc l’intervention des pouvoirs
publics pour éviter les dérives et permettre une répartition plus juste des
richesses. […] »… mais cela reste dans un système monétariste et non dans un système de crédit productif
hamiltonien tel que le défendit Roosevelt… et qui permit le New-Deal une
fois que le Glass-Steagall eut purgé le terrain des dettes spéculatives.
22/01 13:35 - Tythan
J’ai écrit un article sur le sujet (de la monétisation), que certains consulteraient, je (...)
22/01 00:17 - Croa
Ta revendication favorite est heureusement reprise par bien d’autres candidats et pas (...)
21/01 23:56 - Croa
:-(( Slim, n’insulte pas les techniciens !!! :-(( Les économistes veulent croire (...)
21/01 23:37 - Croa
« De bons débats en prespective... » Ouais, peut-être sur le ouaîbe ! Parce qu’a la télé (...)
21/01 13:22 - epapel
21/01 10:20 - Slim GAIGI
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