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Commentaire de Alain Michel Robert

sur « Au-delà » de Clint Eastwood


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Alain Michel Robert Alain Michel Robert 21 janvier 2011 16:31

Bon jour Armelle,

Hier, Viko sur Av, a fait du film une critique positive et sensible du film. Ici.
Je suis allé le voir hier après midi...
Certes, ce que vous dites n’est pas tout à fait faux... cinématographiquement parlant. Tout dépend du point de vue où on se place. Mais, ma femme et moi-même, avons tout de même passé un très bon moment. Rien que pour la scène du tsunami au début, ça vaut le coup d’aller voir ça ! Avant, je m’étais souvent demandé comment une petite vague de 2m de haut avait pu faire autant de dégât... moi qui, dans ma jeunesse, avait surfé sur des vagues beaucoup plus hautes. Je manquais de perspective ! Cette scène m’a remis d’équerre !

Pour ce qui est du film, on n’apprend pas grand chose de nouveau sur les NDE, mais il ne faut pas aller voir ce film pour apprendre quelque chose de nouveau sur le sujet, Viko nous avait prévenu. Et puis, de toutes façons, rien n’a vraiment été dit et écrit de plus sur la question depuis le livre de Van Eersel « La source noire ».

Moi, j’ai aimé le film à cause de son rythme lent, avec les plans si typiques du Clint Eastwood qu’on aime, sensible, interrogeant sobrement le mystère de sa mort prochaine sans faire d’esbroufe. Pas de plans tonitruants sur l’après-vie, pas de « tunnel », pas « d’êtres de lumière », pas de grandes certitudes... juste une petite NDE du 1er stade (sur 5). Sobre, honnête, simple... un questionnement en suspend... pas de réponse... : « Je ne sais pas... » c’est tout ce que dira le médium quand l’enfant l’interrogera sur l’après vie.

Sur le coup, on peut peut-être s’ennuyer si on refuse d’approcher le « vide » que ce film creuse inévitablement en nous. C’est possible. Mais « quelque chose » nous reste, après. Quelque chose de pauvre qu’on n’oublie pas parce ça s’est subrepticement déposé en nous... quelque part en nous, là où un certain silence demeure. Un rien... un vide, oui... mal filmé, mal dit, mal tout ce qu’on veut... mais là, présent derrière le bruit du monde... il faut l’entendre...

Vraiment, j’aime ce Clint Eastwood tel qu’il chemine depuis quelques années vers son Tao à lui. Il se dépouille... et il nous le partage avec ce qu’il sait faire de mieux : du cinéma. D’autres tentent le même partage avec des mots, des musiques ou des peintures... ils ne disent pas ce qu’ils savent ou ce qu’ils font, ils disent ce qu’ils voient ou tente de voir.
Cette inaliénable égalité de tout Homme devant le vide n’est jamais facile à partager... artistiquement et humainement parlant. Il faut cesser de se regarder... mourir à soi-même... un peu... quand même...

Alors, rien que par respect pour ces tentatives sincères qui seront de toutes façons toujours lamentables (la sincérité est toujours lamentable), il faut aller voir le film... Ça n’est pas un film philosophique... c’est un film plus complet (dans le sens de complétude) : c’est le film d’un homme qui va mourir, qui le pressent, qui le pense, qui certainement à peur... et qui tente de nous le dire...


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