Ariane,
Pour le coup de vous blâme d’associer deux faits sans rapport, outre l’inévitable invocation d’un lobby juif fantasmé à l’extrême
On peut s’indigner de l’interdiction du débat public autour du boycott (qui, d’après les termes de Stéphane Hessel, ne vise que le produit des colonies illégales,et devrait s’accompagner du boycott de tous les autres états coupables d’exactions... tout en épargnant nommément la production culturelle).
Et trouver normal qu’on biffe d’une liste de fleurons de la culture française (il s’agit de ne pas rendre honneur,non de censurer) un écrivain au talent discutable (pour ma part, et j’estime que mes titres, madame l’agrégée, valent largement les vôtres, je n’ai aucune admiration pour les éructations et les tourments stylistiques de cet individu) et au comportement méprisable.
Comme je l’ai signalé ailleurs, je regrette moins l’exécution de Brasillach que l’impunité de Céline.
Céline est par ailleurs l’alibi de tous ceux qui veulent se donner le frisson de s’acoquiner au monstrueux en avançant l’alibi du talent.
Bizarre qu’on n’encense pas Drieu de la même façon, alors que c’est un romancier bien supérieur à mon sens. Ah, mais Drieu avait honte de ses choix et s’est suicidé. Les amateurs de Céline aiment chez lui son incorrigible fidélité à ses idées (si on peut ainsi les qualifier), ainsi que sa lacheté. Car les mêmes qui se reconnaissent dans son style sans beauté doivent sans doute goûter à sa bassesse nihiliste. Les deux faces d’un même monde monstrueux.
Pour finir, votre suggestion que l’affront fait au dieu Céline et la discutable interdiction d’un débat pourrait rendre antisémite (ah, les salauds ! « ils » osent s’en prendre à ceux qui les menacent d’anéantissement et ceux qui, en d’autres temps, les envoyaient au four - quel manque de savoir vivre et d’élégance !) vous range pour le coup dans la même catégorie que certains ici, qui ne manquent pas de vous applaudir frénétiquement, et que je n’ai pas besoin de nommer.