On a rangé sous la catégorie d’antisémitisme des choses fort différentes :
- l’antisémitisme pré-chrétien des Romains. Cicéron [-106 / -43], Pro Flacco,
xxviii, 66-67 : calomnie relative à l’or des Juifs ; tu sais quelle
force ils représentent, combien ils sont unis et quel rôle ils jouent
dans nos réunions. […] Flaccus [préteur] prohiba par édit les sorties
d’or d’Asie […] dédaigner, pour le bien de l’État, cette multitude des
Juifs, parfois déchaînée dans nos réunions, fut un acte de haute
dignité.
- l’antisémitisme romain de l’ère chrétienne : Tacite [vers 55 / vers 118], Histoire,
V, 5 : les pratiques des Juifs sont ineptes et misérables ; haine
hostile à l’égard de tous les autres. V, 8 : les Juifs étaient le peuple
le plus méprisé par les Assyriens, les Mèdes et les Perses ; le roi
Antioche [Antiochus IV, vers -215/-163] s’efforça de détruire la
superstition nationale et d’introduire la civilisation grecque.
Juvénal [vers 60 / 140], Satires, VI, 547-547 : aere minuto qualiacumque uoles Iudaei somnia uendent
qu’Olivier Sers traduit par : « les Juifs te débitent à la demande
n’importe quel songe creux pour une pincée de petite monnaie. »
(Classiques en poche, Les Belles Lettres).
Philostrate d’Athènes [vers 200], Vie d’Apollonios de Tyane,
V, 33 : Il y a longtemps que les Juifs sont en révolte non seulement
contre les Romains mais contre tous les hommes ; eux qui vivent à part,
qui ne partagent avec les humains ni la table, ni les libations, ni les
prières, ni les sacrifices […] il aurait mieux valu même ne jamais les
annexer.
Rutilius Namatianus, [1ère moitié Ve siècle],
Sur son retour,
383-398 : le Juif, une créature qui cherche querelle à la bonne
nourriture [le porc] ; […] race dégoûtante qui pratique la
circoncision : cette race est la racine de la bêtise […] leur cœur est
plus froid que leur croyance.
- un
anti-judaïsme chrétien multiséculaire s’appuyant notamment sur
l’accusation de « peuple déicide » portée contre les anciens Hébreux.
- un anti-judaïsme non chrétien, voire athée ; cf Voltaire, Arthur Schopenhauer, Karl Marx et Frédéric Nietzsche.
- un préjugé de type racial pouvant aller jusqu’à des discriminations et des persécutions ; pogroms, nazisme.
- une hostilité à la politique, voire à l’existence, de l’État d’Israël ;
notamment, pour ses expulsions et la fuite de 500 000 à 800 000
réfugiés, sa politique à la main lourde depuis la guerre des six jours
(1967), le massacre de Sabra et Chatila, en septembre 1982, la seconde
Intifada fin 2000, l’opération Plomb durci à Gaza, 2008-2009,
l’attaque de la flottille pour Gaza fin mai 2010, la reprise de la
colonisation en cis-Jordanie, le projet de serment d’allégeance (octobre
2010), la construction de nouveaux logements pour les juifs à
Jérusalem-Est (novembre 2010).
- une hostilité au communautarisme
actuellement incarné en France par le C.R.IJ.F., qui est contraire au
principe d’indivisibilité de la République française. Hostilité
également à la prétention de ce communautarisme à exercer une police de
la parole, depuis la loi Gayssot jusqu’aux pressions du CRIF pour
l’interdiction de la conférence avec Stéphane Hessel à l’ENS-Ulm, ou
jusqu’à celles de Serge Klarsfeld pour l’annulation de la commémoration
du 50e anniversaire de la mort de l’écrivain Céline avec les Archives de
France.
- une tentative de réexamen des méthodes et
de l’ampleur des persécutions antijuives par les nazis (révisionnisme),
notamment des chambres à gaz.Tout réexamen est actuellement bloqué par
la loi Gayssot du 13 juillet 1990.
- une lassitude grandissante face au
ressassement médiatique des souffrances juives de la Seconde guerre
mondiale, comme si la Première guerre mondiale n’a pas, elle aussi, créé
de nombreux orphelins ; lassitude, voire exaspération devant cette
perpétuelle promotion des rejetons du peuple élu, en plein mépris du
reste de l’histoire de France. Dernier en date : « Sous pression américaine, la SNCF fait son mea culpa sur la déportation des juifs » (Le Monde, 11 novembre 2010).