Ce qu’on oublie dans cette affaire :

- sur le fond du recours : il ne s’agissait pas de refaire le jugement de F Cassez afin de rétablir son innocence mais de statuer sur la régularité de plusieurs éléments de la procédure vis à vis de la constitution et du code pénal mexicains, c’est à dire qu’on espérait pouvoir casser le jugement indépendamment de sa culpabilité ou de son innocence (l’amparo est l’équivalent d’un recours auprès de la cour suprême aux USA) en amenant à l’irrecevabilité des preuves - qui existent quoiqu’il arrive - via la non conformité de leur obtention, ce que les juges ont réfuté irrévocablement.

- pour le transfèrement qui n’a rien à voir avec le recours : une des exigences fondamentales du gouvernement mexicain est l’engagement de France à respecter la peine prononcée soit 60 ans derrière les barreaux. Or la France ne veut donner aucune garantie là-dessus, pire elle compte appliquer son propre système de sanction ce qui conduirait en pratique à une libération conditionnelle de F Cassez peu après son arrivée en France : autant dire que le gouvernement mexicain qui laisse faire ça saute dans les semaines qui suivent (ce n’est pas la Libye avec un dictateur qui peut justifier par la reconnaissance de la France le contraire de ce qu’il disait une semaine avant) . Dans ces conditions le transfèrement ne peut pas et ne pourra jamais être accordé par le Mexique.

Face à ces deux réalités incontournables (un jugement désormais irrévocable et l’impossibilité de faire purger 60 ans de prison en France à F Cassez), le gouvernement a cru bon pouvoir masquer ses échecs diplomatiques auprès de l’opinion en jouant les matamores, en faisant mine de croire que F Cassez est innocente et que la justice mexicaine est totalement incompétente et inféodée au pouvoir, tout en sachant qu’il n’y a plus rien à faire dans ce dossier. Même si l’opinion est sensible au cas de F Cassez, ça ne sert à rien car elle se rend bien compte de la supercherie et donc le Sarkoland s’enfonce encore un peu plus dans la décrédilisation.

Mais quelque soit l’agitation actuelle et future, F Cassez purgera ses 60 ans de prison au Mexique parce que ce pays ne fait pas partie d’une quelconque France-Afrique version Amérique Centrale, que de toute façon il n’a pas besoin de la France (au plan économique c’est plutôt le contraire), et que les affaires d’enlèvements y sont une plaie nationale et le problème numéro un avec le trafic de drogues et d’armes. Voilà ce qui peut arriver quand on choisit de faire sa vie avec un criminel, elle n’est pas la première et elle ne sera pas la dernière.