J’ajoute ceci :
mon sentiment (et je dis bien qu’il s’agit d’un sentiment, non d’une analyse rigoureuse) au sujet des thérapies en vigueur globalement, pour traiter les psychoses, est le suivant :
- le fait d’être enfermé avec d’autres « fous », soignés par des personnels « sains », et aussi grande soit la bonté de ces derniers (dans mon cas ils furent parfaits), pose un clivage qui est en lui-même un obstacle à la reconquête de la « normalité ». Ceci est surtout vrai je pense, dans le cas de ceux qui sont internés depuis plus longtemps, ou qui sont moins jeunes. J’ai eu le réflexe, en ce qui me concerne, de refuser la fatalité de devenir comme ceux qui m’entouraient, qui n’étaient pas toujours jolis à voir.
- le fait d’être pris en charge quasiment comme un enfant, est rassurant, mais contrarie la nécessité de reconquête vitale : de reconquête de cet élan vital qui permet de garder un certain équilibre plutôt qu’un équilibre incertain.
- le fait de suivre une PROCÉDURE, ou une routine. C’est le fond je crois, du problème. La procédure est si courante dans nos vie que nous oublions à quel point elle est mortifère. Certes, les procédures sont bien pratiques, mais prenons soin de bien les cantonner, parce qu’il n’y a rien de plus triste, rien de plus mort, qu’une procédure, rien de moins vivant. On ne suit pas une procédure lorsqu’on veut passer un bon moment, au contraire, tout le plaisir est dans la liberté ! Or l’interné est plongé dans une procédure, retiré en cela de la vie, celle qui tourbillonne loin des procédures et des routines, celle qui est faite de CHAOS !
Autrement dit, je pense que les malades ont besoin de n’être pas retirés du chaos de façon trop radicale, pour se défaire de leur excès de chaos. La régularité de la vie est emprunte de chaos. La vie sans chaos n’existe pas, et la mort est bien plus paisible que la vie, la paix relative est vitale, la paix absolue c’est la mort : il se trouve que l’endroit qui me rappelle le plus l’atmosphère de l’hôpital psychiatrique, ce sont les cimetières !
Bref, tout cela manque de chaleur vitale...