Bonjour,
Sujet intéressant et piège de l’élitisme evité !
Le clientélisme, mode d’emploi et travaux pratiques
Je m’étais posé la question à l’époque de feu Jacou, Jacques Médecin, notre ineffable et non-regretté maire-héritier de Nice (notez qu’avec Estrosi, on n’est pas dépaysés !) : Pourquoi en effet les quartiers défavorisés ou même la « petite » classe moyenne l’élisaient-ils malgré ses innombrables frasques à faire palir jusqu’aux mafiosi les plus réputés (pas ses collègues évidemment !) ? Pour ses petites phrases en nissart ?
Non, pas suffisant. L’ignorance notoire du personnage sauf en matière de cuisine locale et de pokers nocturnes aurait forcément dû convaincre les plus indécis.
Les classes supérieures défendent leurs intérêts, vous l’avez dit, qu’elles en soient conscientes ou non, en élisant les protecteurs du capital, de leur capital. Le tout est dès lors pour le politicien démagogue de donner à croire aux couches défavorisées qu’il est de leur intérêt de voter à droite sans distinction d’efficacité, de résultat ou... de « distinction » si vous voyez l’allusion.
La carte à jouer est donc en effet celle du clientélisme, vous ne l’avez pas raté, Paul.
Sous ce vocable obscur et passe-partout mais à la redoutable efficacité se cache un système de transaction occulte et tacite dont le Privilège est la devise. Le clientélisme comporte un double effet sur le « client », c’est à dire potentiellement vous et moi : Non seulement le candidat s’assure mon suffrage aux fins de préservation de mon propre intérêt mais encore je tairai mon aversion pour le personnage, si hideux que je le trouve ou qu’il soit réellement (quand je ne m’en ferai pas le chantre tous azimuth !).
Tout bénef et facile, exemple :
l’enseigne de ma petite cordonnerie est cachée par le nouveau panneau d’interdiction de stationner. La surprenante bienveillance du Maire à cet égard à la suite de ma lettre à l’adjoint (il a fait déplacer le panneau) sera dès lors partie-prenante de mon bizness.
Ou alors je ne demande rien et je rabaisse mon drapeau en-deçà de la hauteur autorisée, ce qui reviendra au même quand l’agent de voirie remettra son rapport.
Personne n’en saura rien et le petit commerce ne s’en portera que mieux, mais ceci autant que le maire soit élu et... réélu ! Ça, c’est l’exemple du cordonnier. Mais je peux vous le refaire avec les taxis, si vous voulez, ou avec les boulistes ? etc, etc...
Et donc coup-double : D’une part, je vote Médecin, et d’autre part au mieux je ferme ma gueule quand je l’aurais ouverte en temps normal, au pire je fais du prosélytisme. C’est pas anodin comme plaisanterie, car un cordonnier + un taxi + un
bouliste, etc, c’est une population entière, parents famille et alliés,
concernée en quelques mois.
Le petit commerce, voyez-vous... pourquoi cela ne profiterait-il qu’aux « gros » finalement, c’est juste, non ? En voilà un bon sujet pour l’apéro...
Ce n’est qu’un élément de réponse, mais une recette diablement efficace. Alors pour finir en beauté disons que la compromission personnelle...
baisse la vue,
biaise le jugement,
baise le civisme (pas mal, pas mal... on dirait la Taverne...)
La schyzophrénie a de beaux jours devant elle... Elle est l’étape suivante. On peut mentir à tout le monde mais pas à son miroir.
Bonne soirée