Tythan,
Vous avez la prétention de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
L’arnaque fondamentale, c’est justement le fait d’affirmer que l’État devrait emprunter. L’État n’a pas à emprunter quoi que ce soit, à qui que ce soit. Parler de taux d’intérêt, aussi modéré celui-ci soit-il, est tout simplement une obscénité. 2% sur 100 euros, en effet, c’est pas grand chose. Maintenant, 2% sur 100 milliards, avouez que c’est plus tout à fait pareil, hein ?
D’autre part, certains ont soulevé - à juste tire - la problématique du risque : l’État est-il un débiteur fiable ? Vous avez répondu par l’affirmative, en nuançant toutefois que certains États seraient plus fiables que d’autres. C’est en quelque sorte, le double effet kiss-cool de l’arnaque : non seulement l’État devrait payer le fait d’emprunter de l’argent, mais en plus, il devrait payer une assurance en cas de non-remboursement, ce qui se matérialise par différents mécanismes dont vous avez mentionné quelques-uns (intérêts plus élevés, notations dégradées, etc). Or, il s’avère qu’en termes de droit constitutionnel, l’État est lui-même son propre assureur. Il n’a donc pas à payer qui que ce soit des risques qu’il prend. Autrement il dit, il peut fort bien se passer d’assureurs privés.
Maintenant, en ce qui concerne la monnaie proprement dite, celle-ci, comme vous l’avez si bien souligné, est fiduciaire, c’est à dire, basée sur la confiance en son émetteur. Il ne me semble pas présomptueux de dire qu’aujourd’hui, cette confiance s’est malencontreusement évaporée.
Soit R la richesse nationale totale, et M la masse monétaire totale. R = M. Il est évident qu’à partir du moment où on applique à M un facteur x quelconque, correspondant à une émission monétaire (ou bien, une réduction de celle-ci), sans appliquer le même facteur à R, il se produit une inflation (ou bien, une déflation). C’est élémentaire et basique. Par ailleurs, l’inflation ou la déflation en elles-mêmes sont un outil très pratique puisqu’il permet de stimuler, au besoin, la consommation ou l’épargne. Enfin, il convient également de souligner un autre aspect du mécanisme : tant que l’argent créé n’a pas été mis en circulation (ou, retiré de la circulation), il ne se produit rien. Le fait de pouvoir disposer de la « planche à billets » permet à celui qui en dispose de bénéficier d’une quantité d’argent virtuellement illimitée, puisque l’effet d’inflation ne s’applique qu’à partir du moment où l’émission est rendue publique. C’est un privilège énorme, mais ce qui est plus énorme encore, c’est que maintenant, il est aux mains d’intérêts privés, c’est-à-dire, les banques.
En ce qui concerne les banques et les investisseurs, comme tout opérateur privé, ceux-ci sont mus par la seule logique du profit. Cependant, dans le contexte actuel, elles sont au centre d’une sorte d’aporie économique : d’une part, mélanger intérêts privés et publics est une contradiction insoluble si on est un peu honnête, d’autre part, en dernier ressort, quand les banques auront dépassé toutes les bornes au point d’être au bord de la faillite, c’est encore l’État qui les renfloue. Et puisque celui-ci paye sans broncher et ne sanctionne pas, elles sont libres de faire à peu près n’importe quoi. Faut vraiment être un escroc intellectuel sans aucune vergogne pour espérer nous faire gober ça indéfiniment.
Le cas de la BCE, est plus étrange encore. Travaillant hors de tout contrôle démocratique et dans l’opacité la plus totale, on ne sait même pas vraiment quelles sont ses motivations, ni quels intérêts elle sert. Sa politique est illisible, et ses résultats, largement médiocres. C’est même très logique : censée servir les intérêts conjoints des différents pays de l’eurozone, elle ne peut concrètement en satisfaire aucun, même avec la meilleure volonté du monde, puisque ceux-ci sont contradictoires, voire divergents.
Maintenant, placez-vous dans un contexte d’économie « globalisée » (c’est-à-dire, incontrôlée) et demandez-vous si oui, ou non, on peut encore, de bonne foi, s’étonner que nos conditions de vie et notre pouvoir d’achat soient pulvérisés, quand on est placés dans une situation telle qu’on est en concurrence quasiment directe avec des millions de travailleurs chinois tout aussi productifs, mais surtout largement moins « chers » ? A moyen terme, nous aurons les mêmes conditions de vie qu’eux, et les mêmes salaires. J’ai grand hâte de vivre comme un chinois, pas vous ?
Alors, oui, c’est sûr qu’en l’état actuel des choses, récupérer le pouvoir de création monétaire ne va pas nous guérir de tous nos maux, mais ça va certainement y contribuer. Prétendre le contraire, c’est mentir effrontément, ou bien, parler sans rien comprendre. Je ne revendique pas, d’ailleurs, la primauté de cette dernière formule, puisque celle-ci revient à Maurice Allais, en des termes légèrement différents toutefois.
21/04 16:23 - Popol75
D’ailleurs, même Sapir se trompe lui qui propose " Émission d’un montant de 1000 (...)
19/04 01:10 - Tythan
15/04 08:34 - Popol75
Il n’y a pas que Gréau dans les signataires, et on y trouve en particulier le conseiller (...)
04/04 18:59 - Tythan
Je vais reprendre vos propos, en essayant d’être exhaustif (et la tâche sera ardue). (...)
04/04 18:28 - Tythan
« Que cela soit par monétisation directe ou indirecte, l’Etat ne paye pas (...)
04/04 18:09 - Tythan
Parmi les économistes distingués ayant contribué à cet opuscule, on trouve notamment un pilote (...)
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