Merci pour vos commentaires. Pour donner un peu de recul sur l’article ci-dessus, voici ce que j’écrivais sur le sujet le 24 février dernier :
En début de semaine des milliers de gens manifestaient dans les rue de Madison, capitale du Wisconsin, contre la nouvelle réglementation voulue par le gouverneur (Rep) Scott Walker et visant à dépouiller les syndicats de leur pouvoir de monter des conventions et négociations collectives, et par ricochet de fortement réduire leurs sources de financement – ce du moins pour ceux qui n’avaient pas financés sa propre campagne. La raison officielle de cette attaque anti-syndicats est de trouver les 137 millions de dollars nécessaires pour boucler le budget de l’Etat du Wisconsin, ce qui est cousu de fil blanc vu que les négociations collectives en tant que telles ne sont pas la cause du déficit budgétaire, la cause en est les cadeaux fiscaux que fit Walker à ses supporters politiques après son élection. Mais le vrai combat se situe à un autre niveau : historiquement le parti démocrate a toujours été en partie financé par les syndicats, par opposition au parti républicain essentiellement financé par les entreprises, même si cette distinction est moins forte aujourd’hui qu’il y a vingt ans. Couper les syndicats de leurs propres sources de financement en limitant leur capacité à négocier, c’est en fait viser directement le parti démocrate. La perte du soutien financier des syndicats l’obligera à aller encore plus chercher les financements auprès des entreprises et donc diminuer encore plus sa représentativité auprès des classes populaires.
La réaction des syndicats et des démocrates ne s’est pas fait attendre : manifestations à Madison et à Washington, mais également avec un exode hors-Wisconsin des sénateurs démocrates pour empêcher que le quorum nécessaire au républicains pour faire passer cette loi puisse se réunir. L’affaire est tendue car la loi de l’Etat du Wisconsin fait que les sénateurs présents dans l’Etat sont obligés de se présenter pour obtenir le quorum – de gré ou de force. En même temps les conservateurs louaient des cars de supporters pour une contre-manifestation à Madison. Cette réaction est en fait gérée par American Majority, un groupement activiste nationaliste dont l’activité première est le conditionnement politique au travers de programmes d’entrainement (training), pour l’essentiel financé par les mêmes riches ultra-conservateurs derrière le Tea Party. Une situation similaire semble se développer dans l’Etat de l’Ohio, alors que dans le même temps un avoué de l’Indiana, Jeff Cox (mis à pied depuis) déclarait sur Twitter qu’il fallait ouvrir le feu à balles réelles contre les manifestants anti-Walker ! On a l’impression qu’il ne faudrait pas grand chose, vu l’accès aisé aux armes, pour déclencher de mortelles batailles de rues entre les deux camps.
Suite sur http://rhubarbe.net/blog/2011/02/24/revolution-populaire-usa/