Première enceinte, seconde enveloppe, troisième enveloppe, quatrième enveloppe, en aucun cas les ingénieurs de la centrale n’accepteraient qu’elles explosent. Ou alors ils les annonceraient. en manière de « Bon dans quelques minutes, nous allons sacrifier volontairement une enveloppe parce que c’est la meilleure soluce »
Or il y a eu des explosions qu’ils n’avaient su ni prévoir, ni annoncer ni empêcher.
Ils ne contrôlent donc pas tout. Non seulement ils ont été surpris par une première mais ils se sont encore laissés surprendre par d’autres.
Au-delà des problématiques à chaud, les prométhéens n’avaient pas prévu qu’un séisme dépasse 8,5. Considérant sans doute qu’au-dessus, tout étant ravagé, il n’y aurait de toutes manières plus rien à sauver. Ce qui peut avoir un certain sens argumentaire.
En effet si un TDT ou un tsunami tue déjà tout le monde, l’effondrement des centrales peut n’avoir que peu de conséquences négatives suplémentaires.
Or, à force de mieux construire les immeubles, ils arrivent désormais à encaisser du 8,9 sans écraser leurs occupants. On pourrait, sans trop de difficultés, construire des immeubles encore plus solides, capables de rester entiers à l’envers après un TDT de force 10.
Et pour se protéger des tsunamis, on saura construire en hauteur. Il suffirait d’installer dans chaque ville côtière des abris surélevés à portée de chacun en 10 minutes et équipés de sémaphores à bras, de tyroliennes aussi pour qu’il n’y ait quasiment plus de morts et que se maintienne une communication minimale. Et ça ne coûterait pas les yeux de la tête (On laisserait les immeubles fragiles et inondables, pas grave).
Mais une population miraculée de TDT et de tsunami, ne tolèrera pas d’être empoisonnée ensuite par des pollutions mortelles émanant des centrales ou autres industries, nettement plus fragiles
Toute usine joue de la gravitation et tout changement de la verticalité peut conduire à une cata. Tous les détecteurs de niveau de liquides tablent sur une verticalité constante. Bien des détecteurs de pression ou de dépression de gaz tablent aussi sur une verticalité constante. Des alarmes de surpression de salle blanches sont calées sur une verticale considérée comme constante. Enormément d’automatismes font n’importe quoi en cas de changement de verticale.
Et plus récemment, il y a de plus en plus d’appareils ou d’automates qui tablent sur une position géodésique constante. Alors quand un pays se déplace de 2 m...
Faisons seulement onduler la croûte terrestre « calmement » mais plus amplement que d’ordinaire et tous les systèmes de positionnement se brouillant les uns les autres, tout serait égaré.
Il faudrait donc que les usines soient non seulement incassables mais il faudrait en plus les poser sur cardans et bientôt sur radeau géostationnaire. Hors de prix.
Elles resteront donc les maillons faibles de toutes les modernisations.
Chaque fois qu’une industrie, même de mélasse ou de vélo, s’installe dans un endroit, elle soumet la population à sa faiblesse.
Et quand on évalue la dangerosité d’un lieu, on doit d’abord considérer la dangerosité de ses industries.
Tout cela est déjà compris et considéré par quasiment tout le monde et en tous cas par les autorités. Mais l’argent, l’emploi et le prométhéisme sont facteurs de corruption des esprits.
On parle beaucoup de l’effet Milgram au sens de la soumission à l’autorité d’un individu. Mais au fond, nous sommes essentiellement soumis à l’autorité de la masse, au panurgisme donc. On arrive dans une région où il y a du monde, on n’effectue pas ses propres contrôles de dangerosité et on s’y installe en se fiant à « l’avis de la masse qui paraît confiante ».
Cet effet a été flagrant dans le cas de la passerelle du Queen Mary effondrée à Saint Nazaire. Sur les dizaines de personnes qui sont montées dessus, il y avait forcément des ingénieurs ou des super bricoleurs, des gens du bâtiment qui tous savent évaluer à vue les limites mécaniques des constructions, des matériaux, mais aucun n’a dit que ça lui semblait trop juste. La peur de passer pour un trouillard, un lâche, un trouble fête, sans doute.