Je suis en total désaccord avce votre analyse en ce qui concerne la proportionnelle.
Le système actuel est tout simplement un déni de démocratie. Il est profondément anormal que des sensibilités politiques qui représentent plus de 5% de l’électorat ne soient pas représentées dans les principales instances politiques, qu’il s’agisse des assemblées locales ou du parlement. Que l’on institue une certaine prime au premier, afin de permettre une certaine stabilité, est normal. Mais il est est profondément anti-démocratique d’adapter un système électoral afin de préserver artificiellement un système bi-partite. Tous les pays européens utilisent un système partiellement proportionnel, avec différentes variantes, sans que cela n’ait aucune influence négative sur leur capacité à former des majorités, à voter des lois, à contrôler les gouvernements.
En revanche, l’absence de représentation de courants politiques importants a pour conséquence un désintérêt envers la politique, voire une déconsidération. Il suffit de constater les taux de participations électorales aux Etats-Unis (environ 30%) pour comprendre l’aspect nuisible de ce type de mécanisme bi-partite. Imaginer que la proportionnelle favorise le populisme est non seulement une erreur d’analyse (il suffit de voir chez nos voisins) mais aussi faire injure aux électeurs.
Enfin, en ce qui concerne le FN dont je ne partage bien entendu pas les idées, il me semble que vous faites là aussi une erreur d’appréciation majeure. Tout d’abord, d’un point de vue éthique, tant que ce parti respecte les règles républicaines, il a le droit d’avoir des élus. Et surtout, d’un point de vue politique, l’élection d’élus FN me semble être une excellente réponse à sa montée dans l’électorat. Toutes les participations de partis extrémistes dans des exécutifs se sont toujours soldées par des échecs retentissants. La critique est aisée, l’art difficile... En France, il suffit de se souvenir du fiasco des municipalités FN de Toulon, de Marignane ou de Vitrolles... Seul Orange est demeuré à l’extrême droite, malgré une série de problèmes majeurs, son maire ayant d’ailleurs quité le FN. En Autriche, les succès électoraux de l’extrême droite qui les ont conduit à participer au gouvernement et à diriger des institutions locales ont été suivies de désastres et de chutes électorales importantes.
A juste titre, JF Copé a ironisé sur l’absence de visages des candidats FN (seule Marine Le Pen apaprait sur les affiches et les candidats FN n’ont, dans leur quasi totalité, pas effectué de campagne de proximité et sont demeurés dans l’ombre). Le simplisme des théories avancées par les partis extrêmistes et la faiblesse de leurs candidats devrait plus souvent être confrontée à la réalité de l’exercice démocratique. C’est éthiquement juste, et politiquement utile.
Quant à Bayrou, il a toujours défendu l’idée de large consensus pour gérer les affaires publiques, surtout en temps de crise. Même si ce ’nest pas sans arrières pensées politiciennes, son positionnement en faveur d’une juste représentation des courants de pensées politiques me semble surtout provenir d’une philosophie, d’une vision politique de réssemblement plutôt que de confrontation. Quoiqu ’on en pense, le parlement européen, où aucun parti politique n’a de majorité à lui seul, fonctionne remarquablement bien, et de nombreuses lois sont votées en fonction de l’intérêt général justement parceque les intérêts catégoriels représentés par un seul courant ne peuvent pas être majoritaires.
J’ai moi aussi exprimé mon désaccord envers la stratégie politique de François Bayrou, justement parce qu’une stratégie d’alliance fait parti du fonctionnement normal de la démocratie. Mais sur ce point de la représentation proportionnelle, il a, me semble t-il, raison.