Sylvain, ton article porte une contradiction que je ne m’explique pas : tu parles de stratégie suicidaire de Bayrou depuis 2007. La stratégie étant l’indépendance et le refus de se lier avec l’un ou l’autre camp sans refuser des alliances locales ou circonstancielles, l’autre stratégie, celle que défendent ceux qui critiquent Bayrou sur ce point, est le ralliement (en général à l’UMP), avec le résultat que l’on constate aujourd’hui : en termes programmatiques, ils ne pèsent rien. Pas un seul des ministres « centristes » n’a démissionné après le discours de Grenoble, ce qui les déshonore tous. Pas un seul n’a démissionné pour protester contre les déficits abyssaux depuis 2007. Ils n’ont servi que d’alibis. Tu dis que Bayrou a eu raison dans ses analyses, mais qu’il a eu tort d’en tirer les conséquences logiques. C’est contradictoire. Que voulais-tu qu’il fasse ? Qu’il devienne un godillot de l’UMP en plus ?
Sur la proportionnelle, il est vrai que Barre y était tout à fait hostile, et nous en avons parlé à cette époque. Mais il existe des solutions institutionnelles qui permettent à la fois la justice de la proportionnelle et la stabilité voulue par Barre. Ton argument sur la désignation du législateur me paraît artificiel. Si on le prolonge jusqu’à son terme, on voit qu’il pourrait y avoir un vote bloqué national pour élire 577 députés de la même sensibilité, ce que toi-même tu jugerais absurde et injuste.
La constitution de la Ve n’a pas été conçue pour un parlement godillot, mais au contraire pour un président fort capable d’arbitrer entre les factions incarnées par les groupes politiques. Le scrutin majoritaire ayant échoué à la représentation desdites factions, la proportionnelle (une bonne dose au moins) est la bonne façon de les réintroduire.